A quelques jours de rendez-vous cruciaux pour l'avenir de la compagnie, Air France devait faire le point jeudi en comité central d'entreprise (CCE) sur le plan de productivité "Perform", visant à faire face à la concurrence et qui inquiète les syndicats.
La réunion programmée sur deux jours consécutifs, a débuté peu après 09H30 au siège d'Air France à Roissy.
Un bilan doit être fait de "l'avancement des travaux" de "Perform 2020", un plan de productivité et de croissance que la direction espère lancer au plus vite pour faire face à la concurrence.
L'objectif d'Air France est double: réaliser dans un premier temps 1,1 milliard d'euros d'économies d'ici à 2017, puis investir pour revenir dans le jeu face à ses principaux concurrents - les low cost en Europe, les compagnies asiatiques et surtout du Golfe sur le long-courrier.
Les syndicats seront informés lors des CCE sur "les projets d'orientation" découlant de Perform 2020 et "le calendrier social envisagé".
Les discussions porteront aussi sur la flotte long courrier d'Air France, le programme d'hiver 2015-2016 et la politique d'achats.
La compagnie a posé un ultimatum à fin septembre : parvenir à un accord sur Perform (plan A) ou bien la compagnie réduira son offre long-courrier de 10% d'ici à 2017, avec le retrait d'une dizaine d'avions au minimum (plan B).
Le plan B pourrait entraîner jusqu'à 8.000 suppressions de postes, craint la CGT.
La direction doit faire connaître ses intentions lors d'un CCE extraordinaire le 5 octobre, quelques jours après des conseils d'administration d'Air France-KLM (à Amsterdam le 1e octobre) et Air France (le 2 octobre), selon les syndicats interrogés par l'AFP.
Redoutant des suppressions de postes massives, la majorité des syndicats ont d'ores et déjà appelé à une journée d'action et de mobilisation le 5 octobre "pour s'opposer à tout licenciement" et à une éventuelle baisse d'activité d'Air France.
La CGT, FO et UNSA aérien, davantage implantés parmi les personnels au sol, appellent de leur côté à cesser le travail pour le "maintien de l'emploi local".
- Calendrier 'extrêmement serré' -
Les négociations à propos de Perform 2020 ont pris beaucoup de retard.
Du côté des personnels navigants commerciaux (PNC, hôtesses et stewards), elles n'ont pour l'heure aucune chance d'aboutir puisque seule l'UNAC, qui n'a pas le pouvoir de signer un accord en solo, y prend part.
Au coeur des discussions: la renégociation de l'accord d'entreprise qui régit les conditions de travail et de rémunération des PNC. Mais celui-ci court jusqu'en octobre 2016, ce qui laisse du temps pour trouver des solutions.
L'urgence est en revanche plus criante avec les pilotes, entrés en négociation avec la direction uniquement vendredi dernier. Seul un accord avec le syndicat majoritaire, le SNPL Air France (65% des voix), permettrait d'éviter la mise en œuvre du plan B.
Malgré un "calendrier extrêmement serré" que la direction "s'impose à elle-même", le SNPL "espère arriver à un accord pour que les deux parties y trouvent leur compte", a dit à l'AFP Véronique Damon, secrétaire générale du syndicat.
D'après le SPAF, deuxième syndicat (21%), la direction réclame aux pilotes de réduire leurs coûts de 17%, d'ici à 2017, principalement par une augmentation du nombre d'heures de vol.
Les effectifs passeraient de quelque 3.700 actuellement à 3.400 d'ici 2017, sans départs contraints en cas d'accord, a-t-il précisé.
Un précédent plan de restructuration ("Transform", 2012-2015) s'est traduit par une baisse d'effectifs de 5.500 salariés au sein de la compagnie qui en comptait 52.500 fin 2014.
Après six années de pertes d'exploitation consécutives, Air France veut atteindre un résultat d'exploitation de 740 millions d'euros à partir de 2017 grâce à Perform.