Les dirigeants du G20 se retrouvent vendredi à Buenos Aires pour un sommet dont Donald Trump dicte de facto l'agenda, qu'il s'agisse du difficile dialogue avec Vladimir Poutine ou de la querelle commerciale avec la Chine.
Ce sommet est aussi la première occasion pour les dirigeants mondiaux de s'entretenir directement avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane ("MBS") depuis le scandale suscité par l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Les débats risquent de fluctuer au gré des humeurs d'un Donald Trump que de nouveaux développements à Washington dans l'enquête russe rendent plus impulsif que jamais.
"Chasse aux sorcières!", a-t-il protesté sur Twitter (NYSE:TWTR) vendredi, à propos de nouvelles révélations sur un projet immobilier de son conglomérat en Russie.
C'est dans ce contexte judiciaire toujours plus menaçant que le président américain avait brutalement annulé jeudi sa rencontre bilatérale prévue à Buenos Aires avec son homologue russe, officiellement en raison de l'escalade militaire décenchée par Moscou contre l'Ukraine.
Le président russe est arrivé vendredi matin à Buenos Aires. Avant que son avion ne se pose, le Kremlin avait "regretté" l'annulation de la réunion, estimant que "les discussions sur des questions internationales et bilatérales graves sont reportées indéfiniment".
L'Américain souffle aussi le chaud et le froid avant un entretien bilatéral avec le président chinois Xi Jinping, très attendu alors que l'escalade de représailles commerciales entre les deux titans pèse déjà sur la croissance mondiale.
Donald Trump n'a guère évoqué ces sujets lors de sa première apparition publique vendredi à Buenos Aires, avec le président argentin Mauricio Macro. Dans l'une des digressions dont il est coutumier, le président américain a fait l'éloge de son hôte, un "homme très jeune et beau", et vanté des affaires qu'il avait menées par le passé avec le père de M. Macri, un entrepreneur très fortuné.
- "L'agressivité ressort" -
Face à l'activisme du président américain, l'enjeu de ce G20 sera de rester fidèle au credo du multilatéralisme qui avait présidé à sa toute première édition en 2008, sur fond de panique financière.
"Autour de la table du G20, les doutes sont là, les formes d'agressivité ressortent, les fractures reparaissent", a dit jeudi soir le président français Emmanuel Macron.
Il espère constituer un front uni des Européens, en l'absence toutefois d'Angela Merkel qui ne rejoindra le sommet qu'en fin de journée, la faute à une panne sur l'avion gouvernemental allemand.
Au-delà des joutes diplomatiques, les autorités argentines redoutent des violences bien réelles lors d'une grande manfestation de protestation prévue vendredi, à l'image de celles qui avaient entouré le G20 de Hambourg l'an dernier.
Le niveau de sécurité est maximal. Sous le soleil vendredi matin, Buenos Aires semble assoupie: le gouvernement a décidé un jour férié, fermé écoles et moyens de transport, et déployé plus de 20.000 membres des forces de l'ordre pour quadriller des avenues désertées.
Les autorités argentines, critiquées pour leur incapacité à contenir les débordements autour d'un match de football samedi dernier, ont fait savoir qu'"aucune violence" ne serait tolérée.
Au-delà de la critique du G20 lui-même, c'est tout le ressentiment d'un pays miné par une longue crise économique, et promis à une cure d'austérité, qui devrait s'exprimer à cette occasion.
- Rencontres inédites -
Dans un contexte de montée du protectionnisme, la signature officielle prévue vendredi du nouvel accord commercial entre Etats-Unis, Canada et Mexique, fera presque figure d'anomalie.
Reste à savoir si les leaders du G20 parviendront eux mêmes à parapher, à l'issue de leurs débats samedi, un communiqué final reflétant un consensus même minime sur quelques grands défis internationaux.
La rédaction de ce texte à la portée surtout symbolique bute en particulier sur la question du libre-échange, et sur le sujet du changement climatique.
"Aurons-nous un communiqué? La question se pose vraiment", se demande Thomas Bernes, ancien haut fonctionnaire international devenu expert au Centre for International Governance Innovation.
Entre une photo de famille et une réunion de travail, les participants du G20 multiplieront aussi les rencontres en tête-à-tête, ou en petit comité. Au-delà de l'omniprésent Donald Trump, tous les yeux seront rivés en particulier sur les interactions de Vladimir Poutine et de "MBS" avec les autres protagonistes.