L'analyse coûts-bénéfices du projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin commandée par le gouvernement italien recommande son arrêt, affirme jeudi la presse italienne, mais Rome dit continuer à réfléchir avant de prendre sa décision.
Alors que les travaux sont engagés et que les partenaires français et européens s'impatientent, la coalition populiste au pouvoir est divisée sur ce projet qui déchaîne les passions dans la péninsule.
Elle a donc commandé une analyse coûts-bénéfices à une commission d'experts, qui ont remis leur rapport mercredi, selon leur président, Marco Ponti, qui s'est refusé à en communiquer le contenu.
Selon la presse italienne, qui cite jeudi des sources proches de M. Ponti et du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème, au pouvoir), l'avis de la commission est négatif.
Le quotidien La Stampa rapporte que selon les experts, une telle infrastructure n'atteindrait pas un seuil de profitabilité de 3,5%. Selon le M5S, en-dessous de ce seuil, une infrastructure est considérée comme "non stratégique".
Dans un communiqué, le ministère des Transports a assuré que le document remis n'était qu'une "ébauche préliminaire des analyses".
"L'analyse de caractère technico-économique et l'analyse juridique seront dûment partagées avec la France, la Commission européenne et au sein du gouvernement, avant leur publication", a-t-il précisé.
Le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, avait déclaré fin décembre que l'exécutif "ferait son possible pour communiquer sa décision (sur ce dossier) avant les élections européennes" prévues en mai.
Mais le sujet divise la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite), attachée à ce projet cher à sa base de petits entrepreneurs du nord du pays, et le M5S de Luigi Di Maio, qui a promis de mettre fin à qu'il considère comme un gaspillage d'argent public.
M. Salvini a réaffirmé jeudi son attachement au projet: "si l'infrastructure est déjà à moitié (construite), il est plus utile de la finir", a-t-il dit, en plaidant pour "un pays qui croît et va de l'avant".
L'élément central du Lyon-Turin est un tunnel de 57,5 km d'un coût de 8,6 milliards d'euros qui a commencé à être creusé dans les Alpes italiennes et françaises.
Le projet est contesté depuis ses débuts il y a près de 30 ans, en particulier par des associations de défense de l'environnement.