Le naufrage de Presstalis, qui aurait eu des effets catastrophiques pour toute la presse, n'aura pas lieu : après plusieurs mois d'âpres négociations avec l’État et les éditeurs de presse, la justice a validé un accord pour sauver le distributeur de journaux et magazine.
La ministre de la Culture Françoise Nyssen a annoncé jeudi, lors des Assises du journalisme à Tours, qu'un protocole d'accord pour sortir le distributeur de l'ornière avait été approuvé mercredi par le tribunal de commerce de Paris. Une étape cruciale qui ouvre la voie à la survie du groupe, au bord du gouffre depuis fin 2017.
"Je suis soulagée de pouvoir vous annoncer que le protocole qui permet la poursuite de l'activité vient d'être homologué par le Tribunal de commerce", a déclaré la ministre.
Mme Nyssen n'a pas donné de détails sur ce plan de sauvetage. Mais elle avait réaffirmé au début du mois que son financement incomberait aux éditeurs de presse (actionnaires de Presstalis) tout en confirmant que l’État, pour sa part, accorderait un prêt assorti de strictes conditions pour permettre la survie de l'entreprise.
Ce prêt de l’État s’élèverait à 90 millions d'euros, soit la moitié du coût total du plan de redressement du groupe, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, confirmant une information de la Correspondance de la presse.
- "Dernière chance" pour Presstalis -
Presstalis (ex-NMPP), qui avait déjà été sauvé de la faillite par les éditeurs de presse et l’État en 2012, est le premier distributeur de la presse au numéro en France.
Sa dirigeante Michèle Benbunan a présenté en février le premier volet d'un plan de sauvegarde de l'emploi, qui pourrait entraîner au total la suppression de 200 à 300 postes, soit jusqu'au quart des effectifs (1.200 personnes au total en incluant les dépositaires).
"C'est la dernière chance accordée à Presstalis", déclare au Figaro Mme Benbunan, ajoutant que "notre objectif désormais est de nous restructurer le plus vite possible et de gérer l'argent accordé par les éditeurs en bon père de famille".
Pour financer cette restructuration, qui devrait également inclure des cessions d'activités, et permettre le redressement financier de l'entreprise, les journaux et magazines vont en effet devoir verser à Presstalis 2,25% de leurs recettes durant 5 ans, parmi une série de mesures exceptionnelles récemment actées par la filière.
Ces mesures ont suscité de vives protestations de certains éditeurs de journaux et magazines indépendants, qui se disent mis à leur tour en difficulté par cette ponction. Les éditeurs de presse avaient déjà subi une retenue de 25% en décembre et janvier sur leurs recettes pour renflouer Presstalis. Certains ont lancé des appels à leurs lecteurs pour financer leur participation au sauvetage.
Par ailleurs, Mme Nyssen a confirmé que le sauvetage du groupe allait nécessiter de revoir les règles de distribution de la presse, après avoir récemment évoqué la nécessité de donner plus de souplesse aux marchands de journaux pour choisir les titres qu'ils vendent et réduire ainsi les invendus. Ce qui impliquera de réformer la loi Bichet, qui régule la distribution de la presse depuis l'après-guerre en France, comme le gouvernement s'y est déjà engagé.
"La vente au numéro de la presse a chuté de 50% en dix ans. Et le taux d’invendus est de 50%. La filière doit être réorganisée pour retrouver de la croissance", a-t-elle souligné, en assurant que cette réforme sera menée "dans le respect du pluralisme".