Le commerce extérieur britannique tarde à profiter de la chute de la livre sterling depuis le référendum sur le Brexit, une déception de plus pour l'économie du pays dont la production industrielle a ralenti en juillet.
Cette production a grimpé de seulement 0,2% sur un mois, a annoncé vendredi l'Office des statistiques nationales (ONS), un affaiblissement après une hausse plus vigoureuse de 0,5% en juin.
Le secteur industriel britannique a été tiré vers le haut par la production manufacturière, qui reflète l'activité dans les usines, avec une progression de 0,5%, nourrie par le rebond des équipements de transport sur fond de lancement de nouveaux modèles de véhicules. C'est la première hausse de la production manufacturière depuis décembre 2016.
En revanche, le secteur minier et de l'extraction a reculé de 1,2%, après avoir bondi en juin, avec un recul des activités dans le pétrole et le gaz.
La relative bonne tenue de la production industrielle témoigne d'un début de troisième trimestre "convenable" et qui "pourrait être assez correct", souligne Alan Clarke, économiste chez Scotia Bank.
Mais ces chiffres sont difficilement extrapolables, car souvent erratiques d'un mois sur l'autre, sans compter que l'industrie ne représente qu'une faible part de l'économie britannique dominée par le puissant secteur des services.
La croissance britannique a ralenti depuis le début de l'année, mais les économistes s'interrogent sur l'ampleur de ce coup de frein lié à un pouvoir d'achat érodé par l'inflation et aux incertitudes des discussions sur le Brexit.
Les économistes indépendants sondés par le Trésor britannique estiment en moyenne que la croissance pourrait s'élever à 1,6% en 2017, ce qui ne marquerait qu'un léger fléchissement par rapport à 2016 (+1,8%).
- Les exportations restent mitigées -
Dans une étude publiée vendredi matin, la Chambre de commerce britannique a de son côté relevé sa prévision de croissance pour 2017 à 1,6%, mais s'est montrée plus préoccupée par 2018 et 2019 à mesure que le Brexit prendra forme.
Elle s'attend par ailleurs à ce que le commerce extérieur ne soit pas d'un grand soutien pour la croissance, alors même que la livre faible devrait en théorie rendre plus compétitifs les produits britanniques à l'étranger et doper les exportations.
Cet effet bénéfique est altéré par les incertitudes autour du Brexit, souligne Adam Marshall, son directeur général. "Une monnaie plus faible ne signifie pas automatiquement un bond des exportations, quand bien même cela soit le souhait de certains responsables politiques et commentateurs", selon lui.
La livre sterling a chuté depuis la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne, les cambistes anticipant des difficultés pour l'économie du Royaume-Uni. Depuis le lendemain du référendum du 23 juin 2016, la livre a perdu près de 17% face à l'euro et près de 12% face au dollar.
Cette dépréciation nourrit une hausse de l'inflation qui rogne le pouvoir d'achat des ménages et pèse sur la consommation, le principal moteur de la croissance l'an passé.
Et malgré cette baisse de la devise potentiellement favorable, les chiffres du commerce extérieur restent peu flamboyants, selon des données dévoilées vendredi pour le mois de juillet par l'ONS.
Le déficit des échanges de biens s'est stabilisé à 11,6 milliards de livres (12,7 milliards d'euros)
De son côté, la balance des services, qui comprend notamment les puissants services financiers, est restée largement excédentaire à 8,7 milliards de livres (9,5 milliards d'euros).
Mais au total, le déficit de la balance des biens et services est resté stable à 2,9 milliards de livres (3,2 milliards d'euros), le chiffre du mois de juin ayant été finalement plus favorable que prévu.