La marge de manoeuvre budg?taire du futur pr?sident fran?ais sera ?troite, ind?pendamment du r?sultat de dimanche, car la France reste dans le collimateur des march?s financiers qui ont de s?rieux doutes sur la capacit? du pays ? r?duire son d?ficit comme pr?vu.
La deuxi?me ?conomie de la zone euro a certes ?chapp? ? la r?cession, contrairement ? certains de ses voisins comme l'Espagne, mais son ?conomie est dans une mauvaise passe.
Face ? ces d?fis, le nouveau pr?sident devra jouer serr?, d'autant plus que son action sera scrut?e par les march?s financiers et que les agences comme Moody's et Fitch pourraient ? leur tour priver la France de son triple A.
Un premier rappel ? l'ordre pourrait intervenir moins d'une semaine apr?s le second tour de l'?lection. La Commission europ?enne publiera le 11 mai ses nouvelles pr?visions ?conomiques et devrait r?viser ? la baisse la croissance de la France en 2013, dans le sillage du Fonds mon?taire international (FMI).
Mi-mars, l'institution de Washington a revu en baisse ses estimations pour la croissance fran?aise, tablant sur seulement 1% l'ann?e prochaine.
Probl?me: Fran?ois Hollande comme Nicolas Sarkozy ont tous deux b?ti leur programme, ainsi que leur trajectoire de retour ? l'?quilibre des finances publiques respectivement en 2017 et 2016, sur une hypoth?se bien plus optimiste, de 1,7% de croissance en 2013. A compter de 2014, ils esp?rent m?me un minimum de 2% par an.
Bruxelles risque donc d'accro?tre la pression d?s le 11 mai et de contraindre le nouveau pr?sident ? des ajustements qui risquent de se traduire par un nouveau tour de vis budg?taire, si Paris entend respecter son engagement ? revenir dans les clous du Pacte de stabilit? (3% de d?ficit), en 2013. Sous peine de se voir infliger ? terme des sanctions financi?res.
Le futur pr?sident aura toutefois quelques cartes en main. La France n'est pas le seul pays qui risque de voir son d?ficit d?raper. L'Espagne est dans la m?me situation, les Pays-Bas aussi. D'autres pourraient suivre en raison de la croissance en berne dans la zone euro.
Du coup, de nombreux diplomates s'attendent ? ce que la Commission fasse preuve d'un peu de souplesse fin 2012 ou d?but 2013, ce qui pourrait donner un peu d'air ? la France l'an prochain.
Autre sujet d?licat pour le candidat socialiste Fran?ois Hollande, s'il est ?lu: il souhaite ajouter un volet consacr? ? la croissance au trait? cens? renforcer la discipline un peu partout en Europe.
Un projet qui fait grincer des dents notamment ? Berlin. "Je me demande combien de temps il faudra ? Hollande pour revenir ? la raison. S'il fait tout ce qu'il a promis (en mati?re ?conomique) cela ne prendra pas six mois mais deux mois avant que la France ne devienne victime des march?s", pr?vient un responsable allemand sous couvert d'anonymat.
Ses opposants en France sont sur la m?me ligne. "M. Hollande ne s'engage pas sur la stabilit?, il refuse la r?gle d'or, il court le risque de red?clencher une crise des dettes souveraines en Europe" s'il est ?lu ? la pr?sidence de la R?publique, a r?cemment lanc? Alain Jupp?, le ministre des Affaires ?trang?res. Au final, M. Hollande risque de devoir opter pour un compromis, sachant que plusieurs Etats ont d?j? ratifi? le trait? de discipline budg?taire.
Derni?re ?pine dans le pied du futur pr?sident: l'incertitude li?e ? la tenue d'?lections l?gislatives en juin. "Cela d?terminera la latitude dont disposera le pr?sident pour imposer ses r?formes", estime Manuel Maleki, ?conomiste chez ING.
Quoi qu'il en soit, "les deux options les plus probables (victoire des socialistes ? la pr?sidentielle et aux l?gislatives ou une cohabitation) risquent de ne pas d?boucher sur le type de r?formes qui plaisent le plus aux march?s", souligne-t-il.