PARIS (Reuters) - Les chauffeurs VTC ont repris vendredi leur mouvement aux alentours des aéroports parisiens et dans la capitale pour maintenir la pression sur Uber, trois jours après l'échec de négociations avec la plateforme américaine.
La société avait annoncé mardi la création d'un fonds de deux millions d'euros destiné à aider les chauffeurs en difficulté, mais elle a refusé de baisser ses commissions de 25 à 20% et d'augmenter ses tarifs comme le demandaient les associations de VTC et un syndicat.
Des négociations doivent désormais se poursuivre sous l'égide du médiateur nommé par le gouvernement, Jacques Rapoport, qui a entamé sa mission mercredi.
Uber a annoncé vendredi dans un communiqué avoir rencontré le médiateur jeudi "dans un esprit constructif et d'apaisement", précisant que le dialogue allait se poursuivre tout au long du mois de janvier.
Dans une interview à Alternatives économiques mise en ligne par le magazine, Thibaud Simphal, le directeur Europe de l'Ouest d'Uber, ne ferme pas la porte à une baisse des marges à condition que toutes les plateformes en fassent autant.
"Nous serions prêts à rogner nos marges et/ou à augmenter nos tarifs auprès des consommateurs, à condition que tout le secteur suive. Pour l’heure, nous sommes les seuls à proposer cette démarche", dit-il.
Mais huit organisations de chauffeurs VTC, qui parlent d'un "échec amer" des négociations du début de semaine, veulent le gel immédiat de l'augmentation des commissions de la plateforme, comme l'avait réclamé le gouvernement.
"FAIRE BAISSER LES COÛTS"
Dès 7h30 du matin, à l'avant-veille de Noël, près de 200 chauffeurs, selon les organisateurs, ont mis en place des barrages filtrants aux abords de l'aéroport de Roissy mais y ont renoncé à Orly faute d'effectifs suffisants.
Saluant "une vraie mobilisation sans heurts ni violence" de "VTC déterminés à se faire entendre", l'Unsa VTC et la CFDT Transports ont ensuite invité les manifestants à mener une opération escargot jusqu'au siège parisien d'Uber.
Une soixantaine de chauffeurs VTC ont également manifesté à Lyon pour dénoncer les pratiques tarifaires d'Uber. Partis du quartier de Gerland, ils ont mené une opération escargot sur la rive gauche du Rhône avant d'arriver place Bellecour.
Les chauffeurs lyonnais n'excluent pas d'accentuer la pression, s'ils ne sont pas entendus, en bloquant la prochaine fois l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry ainsi que le périphérique.
Thibaud Simphal, le directeur Europe de l'Ouest d'Uber, conteste que les tarifs pratiqués par la plateforme soient "indignes", comme l'affirment les chauffeurs, en s'appuyant sur plusieurs études.
"Selon l’étude de BCG (Boston Consulting Group), ils parviennent à dégager en moyenne entre 1.400 et 1.600 euros net par mois pour 45 heures de travail hebdomadaires", dit-il dans Alternatives économiques.
Il rappelle plusieurs mesures déjà prises par Uber pour améliorer la situation des chauffeurs-partenaires, comme la négociation de tarifs préférentiels avec les compagnies d'assurance.
"Depuis un an, nous essayons d’aider les chauffeurs à faire baisser leurs coûts", dit-il.
Thibaud Simphal propose ainsi de renoncer au "modèle d'un chauffeur en costume au volant d'une grosse berline", expliquant que de plus petites voitures réduiraient les dépenses.
Selon lui, l'éventuelle précarisation de l'activité ne vient ni des tarifs, ni du nombre de chauffeurs. "Selon le rapport Thévenoud, il y a de la place pour 68.000 chauffeurs de VTC en France, contre 22.000 aujourd’hui, dont 15.000 qui travaillent avec Uber", explique-t-il.
(Gérard Bon, édité par Sophie Louet)