La Bourse de New York a fini jeudi en forte baisse, dans le sillage des marchés européens, les investisseurs exprimant leurs craintes de voir l'économie mondiale plonger en récession: le Dow Jones a perdu 3,51% et le Nasdaq 3,25%.
Selon les chiffres définitifs, le Dow Jones Industrial Average a abandonné 391,01 points à 10.733,83 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 82,52 points à 2.455,67 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500, sur lequel les analystes basent leurs réflexions en raison de sa composition étoffée, a perdu 3,19% (37,20 points) à 1.129,56 points.
La place new-yorkaise a évolué en baisse toute la séance, plongeant même sous les 4% en début d'après-midi, avant de se reprendre quelque peu dans les derniers échanges.
"Il y a un mot qu'on n'avait plus entendu depuis un petit bout de temps aux Etats-Unis: la capitulation. C'est ce moment où les marchés essaient de trouver des informations, des raisons pour rebondir, et puis au bout d'un moment, ils lâchent la rampe. C'est ce qui se passe", a résumé à l'AFP Evariste Lefeuvre, chef économiste chez Natixis.
"C'est une situation étrange, on se sent presque sans espoir", a déclaré pour sa part Hugh Johnson, PDG de la maison de courtage Hugh Johnson Advisors.
Les marchés ont dévissé en pointant le ton employé mercredi par la Réserve fédérale américaine (Fed), mais aussi de nouveaux indicateurs mettant en lumière les signes d'essouflements de l'Asie, moteur de la croissance mondiale.
Wall Street s'inquiète "qu'aucun homme politique ne soit en mesure de faire quelque chose. Ce que la Fed a dit c'était +on ne peut pas en faire plus+, et à Washington personne ne veut vraiment bouger avec le Congrès divisé sur la loi sur l'emploi" proposée par Barack Obama, a analysé M. Johnson.
Très attendue, la réunion du Comité de politique monétaire de la banque centrale américaine s'est achevée mercredi soir par un communiqué pessimiste qui a qualifié la reprise économique américaine de "lente" et souligné les "risques importants" qui la menacent.
Pour ajouter à la morosité, l'activité manufacturière s'est contractée au mois de septembre en Chine, selon l'indice PMI préliminaire de la banque HSBC.
"La Chine continue de ressentir l'effet du ralentissement des exportations vers l'Europe et les Etats-Unis", a noté Frederic Dickson, de DA Davidson.
L'économie chinoise est "un catalyseur majeur" depuis la reprise de 2009, a-t-il rappelé.
"On s'aperçoit qu'il n'y a plus de croissance nulle part", a fait valoir Evariste Lefeuvre, de Natixis. "Le risque de récession est généralisé et vu l'état actuel de confiance des entreprises, le potentiel de repli du S&P 500 est assez fort encore".
En Europe, les Bourses européennes ont connu une nouvelle Bérézina: Francfort a perdu 4,96%, Paris 5,25%, Londres 4,67% et Milan 4,52%. Encore une fois, les valeurs bancaires ont particulièrement alimenté cette dégringolade, Société Générale et Crédit Agricole perdant plus de 9%.
A Wall Street, Goldman Sachs a perdu 3,96%, Morgan Stanley 5,50%, Bank Of America 5,02% et Citigroup 6,11%.
Considérée comme un baromètre de l'économie américaine, le groupe de messagerie FedEx a abandonné 8,17% à 66,58 dollars après avoir abaissé ses prévisions pour 2012.
Le conglomérat United Technologies (UTC) a perdu 8,76% à 68,31 dollars. Il a lancé une offre publique d'achat amicale sur l'équipementier aéronautique Goodrich. Ce dernier a pris 10,15% à 120,60 dollars: l'offre d'UTC est de 127,50 dollars par action, ce qui le valorise à 18,4 milliards de dollars.
Inquiets, les investisseurs se sont rués vers les bons du Trésor américain, jugés solides, faisant chuter les taux.
Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a reculé à 1,715% contre 1,875% mercredi soir, enregistrant un nouveau record de faiblesse avec 1,699%. Celui à 30 ans a reculé à 2,786%, après avoir connu son plus bas niveau depuis début janvier 2009 avec 2,765%. Il avait terminé à 3,039% mercredi soir.