PARIS (Reuters) - La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) a réclamé mercredi des mesures d'urgence, notamment européennes, sur le dossier du porc en France et brandi le risque d'une absence de cotation jeudi sur le marché de référence en Bretagne.
Les deux principaux industriels du secteur ont refusé lundi d'acheter les porcs bretons mis en vente sur le marché du porc breton (MPB) à Plérin, dans les Côtes d'Armor, qui fixe deux fois par semaine les prix de référence pour la France.
Le groupe coopératif Cooperl et Bigard/Socopa jugent intenable, face à la concurrence étrangère, le cours de 1,40 euro le kilo fixé en juin par un accord entre industriels, grande distribution et syndicats agricoles.
Le premier a déjà fait savoir qu'il n'entendait pas revenir à Plérin pour le moment.
"Nous ne serons pas au cadran jeudi, quelles que soient les pressions tant qu'on n'a pas eu de propositions claires, définies dans le temps et dans les volumes", a dit le président de Cooperl, Patrice Drillet, sur iTELE.
"Ce cours français est un cours qui ne peut pas tenir au niveau où il est s'il n'y a pas en face des mesures adéquates".
Bigard/Socopa a de son côté fait savoir qu'il ne souhaitait pas communiquer.
Quelque 62.000 porcs doivent être présentés à la vente jeudi, selon une source proche du MPB.
Un nouveau boycott de la part de ces deux acteurs serait "catastrophique", a estimé le président de la FNSEA, Xavier Beulin, sur RTL. "On est dans une situation très compliquée"
"Il y a deux choses à faire aujourd'hui en urgence", a-t-il dit. "D'abord c'est faire en sorte que la Commission européenne et le conseil des ministres européens, sans attendre le 7 septembre, puissent prendre des mesures exceptionnelles de dégagement du marché pour soutenir quand même les cours".
"ALLER VITE"
La France a obtenu la tenue de ce conseil des ministres européens de l'Agriculture pour évoquer les tensions sur les marchés des produits agricoles. "Le 7 septembre, c'est trop tard, c'est dans trois semaines. Imaginez que d'ici là on n'ait pas eu de cotation, vous voyez la catastrophe en France ? Donc il faut aller très vite là dessus", a estimé le président de la FNSEA.
Le gouvernement français doit quant à lui prendre des "mesures d'urgence pour soutenir les quelques abatteurs qui aujourd'hui sont dans une situation très difficile", a-t-il ajouté.
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, s'est engagé mardi à "tout faire" pour qu'il y ait de nouveau une cotation jeudi à Plérin et exhorté tous les acteurs à faire preuve de responsabilité.
Créé par les éleveurs en 1972, le MPB organise deux ventes par semaine dont les cotations servent de référence nationale bien qu'il ne représente qu'environ 15% des échanges de porcs français.
Dans un communiqué, la coopérative Cooperl indique qu'elle augmente ses pertes à chaque fois qu'elle achète au marché du porc breton. "Avec le prix d'1,40 euro exigé par l'État français, 0,28 euro sépare aujourd'hui le cours français du cours allemand, 0,38 euro du cours hollandais", souligne-t-elle.
Sur les 110.000 porcs que la coopérative achète et abat chaque semaine, 100.000 proviennent de ses adhérents rémunérés en fonction du prix fixé par le marché au cadran et 10.000 proviennent du marché du MPB.
Pour Xavier Beulin, la cotation hebdomadaire ne répond pas aux attentes des éleveurs.
"Dans la filière porcine, je crois qu'il est temps que nous posions quelques questions", a dit le leader de la FNSEA sur BFM TV. "Ne devons-nous pas à côté du cadran (...) imposer de plus en plus des formes de contrats entre le producteur, l'abatteur, le transformateur et le distributeur ?"
"Des contrats qui finalement s'affranchiraient quelque peu de cette cotation hebdomadaire qui aujourd'hui ne répond pas aux attentes des éleveurs, peut-être même ne répond pas tout simplement aux attentes de la filière", a-t-il ajouté.
(Marine Pennetier et Valérie Parent, édité par Yann Le Guernigou)