La Bourse de Paris a connu lundi la troisième plus forte hausse de son histoire (+9,66%) après l'annonce d'un plan de secours européen sans précédent aux Etats les plus fragiles de la zone euro, mais les analystes espèrent que ce regain de confiance ne sera pas qu'un feu de paille.
Le CAC 40 a gagné 327,70 points à 3.720,29 points, avec 10,752 milliards d'euros échangés, un niveau deux fois plus important que d'ordinaire.
"Une hausse de plus de 8%, c'est +le tarif+ quand il y a un plan de sauvetage" annoncé, commente Bertrand Lamielle, directeur de la gestion chez B*Capital (BNP Paribas). Et de rappeler que les plus fortes hausses du CAC 40 ont toujours suivi une annonce de ce type.
Le CAC 40 s'était en effet envolé de 11,18% en octobre 2008 après que les dirigeants de la zone euro s'étaient engagés à garantir les crédits interbancaires et à recapitaliser les grandes banques. Il avait bondi de 10,09% le 24 novembre 2008 après le plan de sauvetage de la banque Citigroup.
Après avoir perdu 11% la semaine dernière, le marché parisien a poussé lundi un ouf de soulagement et la séance a été animée par des rachats de positions et des achats à bon compte.
"Les investisseurs jugent (le) programme de stabilisation dûment calibré pour faire face aux problèmes de refinancement des Etats, au moins pour les deux prochaines années", estime Isabelle Job, économiste au Crédit Agricole.
Les ministres des Finances de l'UE se sont en effet mis d'accord sur la mise en place d'un plan de secours pouvant aller jusqu'à 750 milliards d'euros.
Cette enveloppe, d'une ampleur historique, inclut 440 milliards de prêts et garanties des pays de la zone euro, 60 milliards venant d'un fonds d'urgence, ainsi que des prêts du FMI à hauteur de 250 milliards d'euros.
En outre, six grandes banques centrales, dont la BCE et la Réserve fédérale américaine (Fed), vont réactiver des mécanismes d'échanges de devises entre elles pour tenter de calmer les tensions sur les marchés.
Jusqu'alors réticente à intervenir de la sorte, ce qui avait pénalisé les marchés jeudi dernier, la BCE a, elle, annoncé des "interventions" sur le marché obligataire de la zone euro, qui devrait prendre la forme d'achats de titres.
Ces annonces ont fait rebondir l'euro, calmé le marché obligataire et profité au secteur financier qui a été le grand gagnant de la séance.
Les valeurs bancaires ont ainsi gagné entre 17 et 20% après leur dégringolade de la semaine dernière. Société Générale a bondi de 23,89% à 40,60 euros, Crédit Agricole de 18,65% à 10,75 euros, BNP Paribas de 20,90% à 53,11 euros.
Dexia s'est appréciée de 17,27% à 3,87 euros et Natixis de 18,49% à 3,78 euros. Le titre de l'assureur Axa a bondi de 21,87% à 14,40 euros.
Aussi impressionnant soit-il, ce rebond est essentiellement technique et les marchés devront se persuader de la "volonté des Etats européens d’assainir rapidement leurs finances publiques", avertit Christian Parisot, économiste chez Aurel.
Une hausse plus durable des marchés est toutefois probable, selon les observateurs, à condition qu'ils se focalisent à nouveau sur les fondamentaux économiques et les résultats d'entreprises qui ont été complètement occultés par la crise grecque.
La chute de la Bourse vendredi, qui a terminé à 3.393 points, était "un excès du marché", estime M. Lamielle. "On s'est fait tellement peur qu'on a occulté l'amélioration des fondamentaux économiques comme la croissance américaine revue plusieurs fois à la hausse et les créations d'emplois aux Etats-Unis".
L'enthousiasme a été également palpable lundi sur les autres grandes places européennes: Francfort a gagné 5,30%, Londres 5,16% et l'Eurostoxx 50 10,35%.