"Personne ne nous a crus, surtout pas les banques": ThirtyOne31, le vélo électrique "Made in France", a bien failli ne jamais voir le jour. Devenu pourtant le leader du Vélib électrique, il part représenter à New York "l'excellence" Frenchy.
Les deux vélos, soigneusement emballés dans du papier bulles, attendent dans leur carton l'avion pour le salon "Best of France", qui célèbrera les 26 et 27 septembre à New York "le savoir-faire français".
Pour ThirtyOne31, représenter son pays aux côtés de plus de 150 exposants est un pied de nez à son histoire.
Car la microentreprise a bien failli ne jamais voir le jour.
"La première réaction était: vous êtes fous", se souvient Christophe Baeza, un ancien assureur qui a "tout plaqué pour vivre (sa) passion" du vélo et se retrouver président de ThirtyOne31.
"Quand on a démarré, on n'avait même pas de garage. On n'avait que notre passion": résume-t-il en référence aux fondateurs d'Apple (NASDAQ:AAPL) dont la légende veut qu'ils aient démarré leur entreprise dans un garage.
Le dynamique responsable de 40 ans rencontre Clément Bonneau, aujourd'hui directeur et qui travaillait déjà à l'époque dans le secteur des deux-roues.
Tant bien que mal, la société voit le jour en avril 2013 sous le nom de "ThirtyOne31" (comme le numéro du département de la Haute-Garonne).
"On a commencé par s'autofinancer et on a eu l'aide des institutionnels", comme le Conseil départemental, la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) et Madeeli, l'Agence du développement économique, de l'export et de l'innovation en Midi-Pyrénées.
Le succès ne tarde pas: en mai de la même année, 31 devient le premier fournisseur du Vélib électrique, mis en place à Vannes. En février 2015, la jeune société est élue entreprise coup de coeur de Midi-Pyrénées. Et il y a peu, elle est choisie pour participer au Best of France de New York, qui réunit la crème de la crème du Made in France.
"On est des petits poucets mais on va être parmi les grands", comme L'Oréal, Thalès ou Axa, se félicite M. Baeza.
- "Artisans industriels" -
Avec un chiffre d'affaires de 130.000 euros en 2014 et un seul employé (outre les deux président et directeur), "ThirtyOne31" est en effet une TPE (Très petite entreprise), un statut dont ses dirigeants s'enorgueillissent.
"Nous sommes des artisans industriels", lance M. Baeza dans l'ancien garage que la société occupe sur la rue du Bout du Puy, dans le hameau de Valentine (Haute-Garonne), sur les contreforts des Pyrénées.
L'atelier de 1.500 m2 à moitié vide semble bien trop grand pour la mini-entreprise, mais pas pour ses ambitions. A côté d'une ancienne fosse de réparation où est encore inscrit "Contrôle de train avant", quelques cadres de vélo violets suspendus à un clou attendent des roues qu'est en train de monter Corinne, unique ouvrière bien esseulée dans l'immense hangar.
"On a prévu la place pour monter en cadence", explique M. Baeza. "On fait actuellement trois vélos toutes les deux heures, on peut en faire jusqu'à 30", lance-t-il.
De la centaine de vélos produits l'an dernier, la TPE veut en fabriquer "200 à 250 cette année et le double en 2016".
"ThirtyOne31" mise ainsi sur le développement du Vélib électrique. "On doit bientôt recevoir une dizaine de commandes de collectivités", s'avance M. Baeza.
"Le Vélib électrique, c'est le Vélib 2.0. Dans cinq ans, la quasi-totalité des Vélibs sera passée en vélo électrique. A Vannes, nos vélos sont loués trois fois plus que les non-électriques", souligne-t-il.
Les dirigeants ne regrettent donc pas leur choix de produire français. "Un assemblage en France est beaucoup plus cher mais cela nous permet de garantir la qualité", résume Clément Bonneau.