SAN FRANCISCO (Reuters) - Avec une économie américaine proche du plein emploi et une inflation qui se dirige vers l'objectif de 2% fixé par la Réserve fédérale, un relèvement progressif des taux d'intérêt par la banque centrale américaine est "pertinent", a déclaré mercredi sa présidente Janet Yellen.
"Attendre trop longtemps (...) serait courir le risque de voir surgir en chemin une surprise désagréable, soit une inflation trop élevée soit une instabilité financière, soit les deux", dit-elle dans le cadre d'un discours prononcé devant le Commonwealth Club de Californie, à San Francisco.
"Dans ce scénario, nous serions obligés de relever rapidement les taux d'intérêt, ce qui pourrait avoir comme effet de faire plonger l'économie dans une nouvelle récession."
Le 15 décembre, la Fed a relevé son principal taux directeur d'un quart de point et elle a dit s'attendre à une accélération du rythme des hausses de taux en 2017, la banque centrale américaine semblant ainsi s'adapter aux promesses de baisse des impôts, de hausse des dépenses et de dérégulation de la future administration Trump.
Dans son Livre beige publié mercredi, la Fed a estimé que l'accélération de l'activité dans le secteur manufacturier, des cas de pénurie de main d'oeuvre et la reprise des investissements des entreprises avaient été les signes d'une croissance économique solide aux Etats-Unis à la fin de l'année.
La Fed devrait relever son taux directeur "plusieurs fois par an" jusqu'en 2019, pour le porter à un niveau, viable sur le long terme, de 3%, a déclaré Janet Yellen, précisant qu'il s'agissait là de son avis ainsi que celui d'autres responsables de la Fed.
Le rythme de la hausse des taux dépendra de la façon dont évolueront les perspectives économiques des Etats-Unis, a-t-elle ajouté.
"L'économie est vaste et immensément complexe, sa voie peut faire des tours et de détours inattendus", a poursuivi Janet Yellen, sans faire le moindre commentaire au sujet de la future administration Trump, qui s'installera vendredi à la Maison blanche.
L'économie américaine est "proche" des deux mandats de la Fed, à savoir le plein emploi et l'atteinte de son objectif en matière d'inflation, a encore dit la présidente de l'institut d'émission.
Mais nous "gardons notre pied sur la pédale en partie parce que nous voulons nous assurer que la croissance économique reste suffisamment forte pour résister à un choc inattendu étant donné que nous n'avons pas beaucoup de marges de manoeuvres pour baisser les taux", ajoute-t-elle.
Janet Yellen estime qu'il ne sera pas nécessaire de relever brutalement les taux au vu de la faible croissance de la productivité américaine, qui constitue un frein à la croissance de l'économie.
"Néanmoins, comme l'économie se rapproche de nos objectifs, il est pertinent de réduire progressivement le niveau de soutien de la politique monétaire."
(Ann Saphir, Benoît Van Overstraeten pour le service français)