FREJUS (Reuters) - Marine Le Pen s'est posée en recours dimanche face à la "situation catastrophique" que traverse à ses yeux le pays, prédisant l'échec du gouvernement Valls 2 et enjoignant François Hollande de dissoudre l'Assemblée nationale.
A la tête du "premier parti de France" depuis son succès aux élections européennes, la présidente du FN s'est efforcée de galvaniser les jeunes de son parti réunis à Fréjus (Var) en vue de la présidentielle de 2017.
Ironisant sur le "numéro d'illusionniste" joué "remaniement après remaniement" par le chef de l'Etat, Marine Le Pen a comparé le gouvernement Valls 2 à un "cirque" et décrit un régime crépusculaire.
"Nous ne sommes pas encore à la moitié du mandat de François Hollande que le soleil semble déjà se coucher sur ce quinquennat crépusculaire", a-t-elle lancé.
Pour la présidente du FN, "il est plus que jamais nécessaire de rendre la parole aux Français et de dissoudre l'Assemblée nationale".
"François Hollande cherche à gagner du temps, mais le mal est trop profond", a-t-elle ajouté. "Dissoudre l'Assemblée nationale serait la seule décision responsable" du chef de l'Etat depuis le début de son quinquennat.
Marine Le Pen a pris pour cible trois membres du gouvernement, Emmanuel Macron (Economie), Najat Vallaud-Belkacem (Education) et Christiane Taubira (Education, qu'elle qualifie de "trio franco-sceptique".
"TRIO FRANCO-SCEPTIQUE"
"Avec le trio franco-sceptique Macron, Belkacem, Taubira, nous savons à quoi nous en tenir. Le libéral, la libertaire et la laxiste portent les germes des prochaines calamités", a-t-elle dit.
La présidente du FN voit dans le récent sondage la donnant en tête au premier tour de la présidentielle de 2017 et battant François Hollande au second - mais aucun des candidats potentiels de l'UMP - une validation de sa stratégie.
"Les sondages nous donnent de l'espoir, ils nous montrent qu'il n'y a plus de plafond de verre qui empêcherait notre victoire électorale", a-t-elle dit.
Autre signe positif pour Marine Le Pen, l'idée d'une dissolution progresse dans l'opinion (23%) tandis que 85% des Français ne souhaitent pas que le chef de l'Etat se représente, selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche.
Tout en sachant qu'il lui serait impossible, en cas de dissolution, d'obtenir la majorité au palais Bourbon sans alliances, Marine Le Pen veut accréditer l'idée qu'elle est prête à gouverner en vue de la présidentielle de 2017.
Elle estime que le dernier remaniement est "la dernière cartouche" de François Hollande avant une dissolution.
"Je suis respectueuse des institutions. Je ne remets pas en cause la légitimité du président. Mais il n'a plus la confiance du peuple, il doit donc en tirer les conséquences", a-t-elle dit au Monde, publié vendredi.
Elle assure aussi qu'elle ne se déroberait pas en cas de cohabitation et accepterait de prendre la tête du gouvernement, fustigeant les ténors de l'UMP qui s'y refusent par crainte de compromette les chances de la droite au scrutin présidentiel.
"Quand le peuple commande de gouverner, on gouverne, c'est la seule attitude digne", a-t-elle dit à Fréjus.
Le programme des deux jours de l'université d'été de Fréjus a eu des allures de formation accélérée pour les jeunes pousses du FN devant lesquels les maires du parti ont tiré un premier bilan de leur action.
En puissance invitante, David Racheline, 26 ans, le maire FN de la ville, a vanté une gestion "de bon sens", arc-boutée sur la sécurité et le désendettement.
(Gérard Bon, avec Nick Vinocur à Fréjus)