WASHINGTON (Reuters) - Trois anciens directeurs de la CIA ont contesté mercredi le rapport du Sénat américain sur les méthodes d'interrogatoire de l'agence fédérale de renseignement selon lequel celles-ci n'ont donné aucun résultat valable, affirmant au contraire qu'elles ont permis de sauver des milliers de vies en déjouant des attentats.
Dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, George Tenet, Porter Goss et Michael Hayden, ainsi que trois ex-directeurs adjoints de l'agence, reprochent au rapport de la commission du Renseignement du Sénat d'accuser à tort la CIA d'avoir menti sur ses activités après les attentats du 11 septembre 2001.
"La commission nous a donné (...) une étude biaisée émaillée d'erreurs factuelles et d'interprétation, au final une attaque mal faite et partisane contre l'agence, qui a fait le maximum pour protéger l'Amérique après les attentats du 11-Septembre", écrivent-ils.
Le rapport publié mardi conclut que la CIA a utilisé pendant la présidence de George W. Bush des méthodes assimilables à la torture sans déjouer aucun projet d'attentat de grande envergure.
Selon les ex-responsables de l'agence, les Etats-Unis n'auraient jamais tué Oussama Ben Laden, le chef de file d'Al Qaïda, en 2011 au Pakistan sans les informations obtenues dans le cadre du programme d'interrogatoires mis en cause.
Ils ajoutent que les méthodes mises en cause par le rapport ont aussi contribué à la capture de plusieurs hauts responsables d'Al Qaïda et sauvé des milliers de vies humaines en permettant de déjouer plusieurs projets d'attentats, dont un visant la côte Ouest des Etats-Unis, qui aurait été similaire à ceux du 11-Septembre.
Ils justifient le programme d'interrogatoires en expliquant que les services de renseignement se trouvaient dans un contexte sans précédent nécessitant une réaction rapide.
"En aucune façon nous ne pouvons affirmer que nous avons toujours agi avec perfection, particulièrement dans l'urgence et les circonstances souvent chaotiques auxquelles nous avons été confrontés juste après le 11-Septembre", écrivent les anciens de la CIA.
"Comme dans toute guerre, il y a indubitablement des choses dans notre programme qui n'auraient pas dû se produire. Quand nous en avons eu connaissance, nous avons informé des instances telles que l'inspection générale de la CIA ou le ministère de la Justice et nous sommes efforcés de prendre les mesures nécessaires."
Les signataires de la tribune reprochent aux auteurs du rapport de n'avoir entendu aucun d'entre eux et d'avoir conclu, avant même d'entamer leurs investigations, que les méthodes d'interrogatoire visées n'avaient donné aucun résultat utile.
(Bill Trott, Marc Angrand pour le service français)