par Gilles Guillaume et Laurence Frost
GENEVE (Reuters) - Le salon de l'automobile de Genève, l'un des rendez-vous les plus huppés de la profession, sera marqué cette année encore par une profusion de très belles voitures, présentées par les marques premium établies mais aussi par des nouvelles venues qui veulent leur part du gâteau.
Derrière les allemandes BMW (DE:BMWG), Mercedes et Audi qui règnent toujours en maître et pas moins d'une dizaine d'acteurs de taille intermédiaire, plusieurs challengers comme Alfa Romeo, DS, Lincoln ou Genesis font une percée remarquée.
"On prend toujours l'exemple d'Audi et de Lexus, à qui il a fallu beaucoup de temps et d'investissement. Mais il n'y aurait pas autant d'acteurs ou d'aspirants qui tentent l'aventure si c'était mission impossible", commente Denis Schemoul, analyste automobile chez IHS.
"Il y a une prise de conscience que c'est un marché qui croît plus vite que le reste et qui est plus rentable."
DS présentera ainsi à Genève un restylage de sa petite DS3, modèle qui a inauguré en 2010 le dernier pari du groupe PSA dans le haut de gamme.
A ce jour, ce pari "fou", comme le rappelait en janvier le directeur général de la marque Yves Bonnefont, est loin d'être gagné. En 2015, les ventes de DS ont reculé de presque 14%, affectées par le trou d'air en Chine (-20%) et une situation toujours fragile en Europe (-11%).
"Le succès et les marges des constructeurs allemands font rêver", souligne un autre analyste du secteur. "Mais changer un mix-produit ne se fait pas en six mois."
Fiat a ainsi prévenu fin janvier que la stratégie marque et produit d'Alfa Romeo ne serait totalement en place qu'à la mi-2020 et non plus fin 2018. Après une version ultra-sportive dévoilée l'an dernier, le groupe italien présentera à Genève les autres versions de sa Giulia.
Chaque membre du trio de tête germanique BMW-Mercedes-Audi tutoie aujourd'hui les deux millions d'unités par an, loin devant le groupe aux 500.000 ventes mondiales (Lexus, Volvo ou Jaguar Land Rover) et celui des 200.000 (Cadillac, Infiniti, Porsche ou Acura).
DE LA BERLINETTE AU COMBISPACE VIP
Pour se faire une place au soleil, tous les points d'entrée sont bons: DS se positionne sur des segments plus petits que la concurrence allemande tandis que Renault (PA:RENA) vient de présenter à Monaco un concept car pour ressusciter sa marque Alpine et revenir sur le segment premium sportif.
Afin de marquer sa différence, ce concept Alpine Vision ne sera pas présent à Genève. La voiture de série, quant à elle, sera présentée avant la fin de l'année, mais pas au Mondial de Paris d'octobre prochain.
Alpine et DS ont un point commun: rien ne les rattache en apparence à leurs maisons mères - pas de losange chez Alpine, plus aucun chevron Citroën chez DS - afin d'écarter dans l'esprit d'une clientèle avide d'exclusivité tout lien avec des groupes généralistes produisant de gros volumes.
Peugeot (PA:PEUP) et Citroën présenteront de leur côté les nouveaux combispaces Traveller et Spacetourer, versions passagers de leurs futurs fourgons fabriqués à Sevelnord (Nord). Avec ces nouveaux modèles et des équipements haut de gamme, ils espèrent notamment gagner des parts de marché sur Volkswagen (DE:VOWG_p) ou Mercedes dans le transport VIP.
Les généralistes ont beau jeu de s'attaquer au premium car les constructeurs haut de gamme font le chemin inverse et empiètent sur leurs plates-bandes. A côté du nouveau Scenic, le monospace vedette de Renault bien plus bas et élancé que les générations précédentes, ou de la nouvelle Mégane break et du petit crossover Peugeot 2008 restylé, Audi présentera son petit 4X4 urbain Q2 et Volkswagen un concept car préfigurant son incursion sur ce segment.
Le 86e salon de l'auto de Genève, qui ouvrira ses portes à la presse mardi et mercredi, puis au public jusqu'au 13 mars, sera encore teinté de "néo rétro" avec Alpine, la première sortie publique de l'E-Méhari mais aussi le retour de la Tipo, la berline compacte de Fiat, voiture de l'année en 1989.
Les visiteurs pourront aussi rêver devant la nouvelle Ferrari (N:RACE) GTC4 Lusso, la Lamborghini Centenario LP770-4 (pour le centenaire du fondateur de la marque au taureau). Ou encore, comme l'a relevé le site spécialisé Caradisiac, la Pagani Huayra BC: une cavalerie de 789 chevaux tirée d'un V12 de 6,0 litres biturbo d'origine AMG, pour le poids d'un break familial compact.
(Avec Agnieszka Flak à Milan, édité par Dominique Rodriguez)