PARIS (Reuters) - Les défaillances d'entreprises sont reparties à la hausse au quatrième trimestre en France, brisant le mouvement de baisse amorcé en 2014 après une année 2013 record en la matière, selon les chiffres publiés mardi par la société Altares.
La fin 2015 a surtout été meurtrière pour les petites entreprises, essentiellement celles à destination des particuliers dans des secteurs comme le commerce de détail, la restauration et les soins de beauté alors que la tendance a été favorable pour les autres, souligne Altares.
Un total de 15.914 défaillances ont été enregistrées au dernier trimestre 2015, soit 1,6% de plus qu'un an plus tôt, du fait d'un bond de 2,5% des liquidations judiciaires prononcées. Les redressements judiciaires ont augmenté dans le même temps de 0,9% et les procédures de sauvegarde ont diminué de 11,7%.
Sur l'ensemble de 2015, le nombre de défaillances progresse de 0,8%, à 63.081 contre 62.586 un an plus tôt. Il avait atteint un record de 63.983 en 2013.
La grève intervenue fin 2014 dans les tribunaux de commerce a influé sur l'évolution de 2015 des statistiques de défaillances, qui ont été particulièrement élevées au premier trimestre du fait d'un effet de rattrapage après des chiffres faibles les trois mois précédents.
L'année 2015 a vu les PME de plus de 50 salariés emboîter le pas de la baisse derrière les grands groupes et les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Le nombre de leurs défaillances a enfin retrouvé son rythme d'avant-crise (408 sur l'année, soit le total le plus bas depuis 2008).
MOINS D'EMPLOIS MENACÉS
La diminution de la taille des entreprises touchées fait que le nombre d'emplois menacés a baissé de près de 10.000, à 235.000, en 2015.
A la lumière des évolutions des dernières années, avec des taux de liquidations judiciaires directes qui sont supérieurs à 68% chez les TPE, Altares constate que la culture de la prévention des difficultés reste peu présente sur ce segment.
"Plus de 43.000 entreprises ont été immédiatement liquidées en 2015, suggérant qu'elles se sont présentées devant le tribunal tardivement et dans une situation financière obérée", souligne la société.
Et les trois quarts, près de 33.000, avaient moins de trois salariés, une catégorie d'entreprises pour laquelle la procédure de sauvegarde est dix fois moins utilisée que par les sociétés de plus de 50 salariés.
Thierry Millon, directeur des études d'Altares, insiste également sur les difficultés pour les TPE à gérer leurs besoins de fonds de roulement dans un environnement économique plus favorable, où les carnets de commandes se regarnissent.
"93% des défaillances concernent des TPE dont nombre d'entre elles ont fait défaut faute d'avoir correctement géré leur BFR", dit-il.
Pour Thierry Millon, "l'objectif des 60.000 défaillances à fin 2016 est atteignable, mais il faudra attendre encore avant d'effacer plus de sept années de crise et revenir aux 55.000 défaillances de 2008".
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)