70% des dégâts des dégâts provoqués par des catastrophes climatiques ne sont pas assurées. Pour changer la donne dans les pays émergents, particulièrement vulnérables face aux catastrophes naturelles, les assureurs se lancent à la recherche de solutions.
En 2015, le désastre naturel le plus coûteux pour les assureurs a été une tempête hivernale aux États-Unis, qui a causé 2,7 milliards de dollars de dégâts, dont 2,1 milliards assurés, selon les premières estimations de Swiss Re, numéro deux mondial de la réassurance.
Le séisme qui a ravagé le Népal, faisant quelque 9.000 morts et détruisant 500.000 habitations, a quant à lui engendré 6 milliards de dollars de dégâts, dont seuls 160 millions étaient assurés.
"Cette différence entre les tempêtes aux USA et le tremblement de terre au Népal est une comparaison extrême qui illustre bien l'écart en termes de protection", a déclaré Esther Baur, responsable des partenariats globaux chez Swiss Re, présente au World economic forum de Davos.
"Mais cela n'a pas besoin d'être comme ça. L'assurance est là pour mettre en place des plans en amont", a-t-elle ajouté.
Plusieurs acteurs du secteur, présents dans la station de ski huppée des Alpes suisses avec la crème des décideurs économiques et politiques mondiaux, cherchent comment combler cet écart et profiter de ce marché.
"Mais c'est un investissement à très long terme. On ne peut pas en espérer un retour immédiat", a expliqué à l'AFP Inga Beale, patronne du Lloyd's, le marché londonien de l'assurance.
- 'Technologies mobiles' -
"Les technologies mobiles vont vraiment avoir un impact" pour les assureurs dans les marchés émergents, estime Mme Beale.
La micro-assurance, qui vise à proposer à des personnes à faibles revenus des produits d'assurances ou de crédit à prix abordable, existe depuis longtemps, mais se heurte aux frais habituels de l'assurance.
"La seule façon de les proposer de manière efficace et rentable est en utilisant les technologies digitales, où on peut les livrer en quelques clics", selon Mme Beale.
Un autre concept pour assurer les habitants de ces zones consiste à nouer des partenariats avec des gouvernements, des ONG ou des organismes internationaux tels que la Banque mondiale.
Au Bangladesh par exemple, Swiss Re a lancé un produit contre les inondations en collaboration avec Oxfam et les autorités locales, qui propose une assurance directement aux ONG, explique Mme Baur.
Les paiements, déclenchés en fonction du niveau de montée des eaux, leur sont versés directement pour que celles-ci les redistribuent ensuite aux victimes.
Ce choix a notamment été dicté par des contraintes techniques, dans ce pays où près des deux tiers des terres se situent à moins de cinq mètres au-dessus du niveau de la mer, rendant très difficile mais aussi très coûteuse l'évaluation des dégâts dans des zones souvent inaccessibles.
Cette difficulté d'accès, et donc d'estimation des sinistres, Runa Khan est venue en témoigner dans l'enceinte de Davos.
Vêtue d'un superbe sari, la fondatrice de Friendship, une organisation locale qui intervient sur les zones sinistrées avec un bateau hôpital, se remémore le cyclone Sidr qui avait balayé le pays en 2007.
"J'avais pris un catamaran pour aller dans les zones affectées et, à chaque fois, nous avions l'impression d'être arrivé au pire endroit jusqu'à ce que nous allions au prochain village", a-t-elle retracé.
"Quand les vagues ont montées, les gens s'étaient retrouvés pris au piège sur des petits ilots qui pouvaient s'effondrer à tout moment sans pouvoir traverser les rivières où les courants ne cessaient de grossir", explique-t-elle.
Pour palier à ces difficultés d'estimation, à l'avenir, "on pourra envoyer un drone prendre des photos et on aura immédiatement toutes les données nécessaires", affirme Inga Beale.
L'urbanisation galopante, qui voit des villes et des infrastructures surgir de nulle part, constitue cependant un défi de taille, pointe-t-elle, prenant en exemple les inondations en Thaïlande en 2011, qui avaient perturbé la chaîne d’approvisionnement de toute l'industrie automobile.
"Les risques n'avaient jamais été évalués. Personne ne savait qu'il s'agissait d'une zone inondable parce qu'il n'y avait rien à cet endroit avant", a-t-elle expliqué.