PARIS (Reuters) - Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, a été mis en examen jeudi pour "complicité de détournement de fonds publics" dans le dossier de l'arbitrage dont a bénéficié Bernard Tapie, a-t-on appris de source judiciaire.
Il était directeur de cabinet de la ministre de l'Economie de l'époque, Christine Lagarde, lors de l'arbitrage controversé qui a octroyé 403 millions d'euros à l'homme d'affaires en 2008.
Il avait déjà été mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" dans ce même dossier en juin 2013.
"Stéphane Richard réfute fermement les mises en cause dont il est l'objet", a dit son avocat, Jean-Etienne Giamarchi, dans une réaction transmise à Reuters par l'entourage du PDG.
"Cette mise en examen supplétive est un non évènement. Elle ne change rien, n'apporte rien et ne modifie en rien la position de Stéphane Richard dans ce dossier", poursuit l'avocat. "Il n'y a aucun fait ni aucun élément nouveau à charge contre lui."
Selon l'entourage du PDG, Jean-François Rocchi, ex-président du Consortium de réalisation (CDR), structure publique créée en 1995 pour gérer le passif du Crédit Lyonnais après sa quasi-faillite, et Bernard Scemama, ex-directeur de l'Etablissement public de financement et de restructuration (EPFR), qui assurait la tutelle du CDR, sont aussi en examen sous le même chef.
Ces mises en examen ont pour objet de mettre en conformité le volet non ministériel du dossier avec celle de Christine Lagarde par la Cour de justice de la République pour négligence ayant entraîné un détournement de fonds public, a-t-on ajouté de source judiciaire.
PAS D'INCIDENCE POUR ORANGE (PARIS:ORAN), DIT L'OPÉRATEUR
Une porte-parole d'Orange a déclaré à Reuters : "Cette affaire ne concerne en rien Orange, elle n'a donc pas de conséquences sur le fonctionnement du groupe."
"Il existe, par ailleurs, au sein du conseil d'administration d'Orange un administrateur référent qui veille à ce que cette procédure n'interfère pas avec la capacité de Stéphane Richard à diriger le groupe Orange", a-t-elle ajouté.
La cour d'appel de Paris a annulé en février l'arbitrage qui soldait le litige entre Bernard Tapie et le Crédit lyonnais sur la revente du groupe Adidas (XETRA:ADSGN), ouvrant la voie à un procès sur le fond qui se tiendra devant cette juridiction le 29 septembre.
Bernard Tapie a été mis en examen début mai pour "détournement de fonds publics par une personne privée", après l'avoir été pour "escroquerie en bande organisée".
Cinq autres personnes, dont Stéphane Richard et Jean-François Rocchi, ont été mises en examen pour "escroquerie en bande organisée" dans le volet pénal de cette affaire, où les juges soupçonnent un simulacre d'arbitrage.
Christine Lagarde, désormais directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a quant à elle été mise en examen en août dernier par la Cour de justice de la République pour "négligence d'une personne dépositaire de l'autorité publique ayant mené à la destruction, au détournement ou à la soustraction par un tiers de fonds publics".
(Jean-Baptiste Vey, avec Noëlle Mennella, édité par Emmanuel Jarry)