'Ukraine a demandé au FMI (Fonds monétaire international) la mise en place d'un partenariat à long terme, et va tenter de renégocier sa dette, ont annoncé mercredi à Davos les autorités ukrainiennes.
Ces annonces tombent après une rencontre entre le président ukrainien Petro Porochenko et la directrice générale du FMI Christine Lagarde.
Le FMI a déjà accordé une aide sur deux ans à l'Ukraine en avril 2014, et la requête ukrainienne vise à l'annuler pour le remplacer par un plan plus long et sans doute plus élevé.
Ce partenariat assurerait un soutien du FMI à l'Ukraine pendant les quatre prochaines années, "durant lesquelles l'Ukraine pourra retrouver le chemin de la croissance économique", selon le communiqué, alors que le pays est éreinté par la guerre larvée dans l'Est séparatiste.
Ce délai lui donnera aussi le temps de reconstituer ses réserves en devises étrangères, et d'assurer une stabilité économique et financière, selon Kiev.
M. Porochenko était accompagné de la ministre ukrainienne des Finances Natalia Jaresko et du gouverneur de la banque centrale d'Ukraine, Valeriia Gontareva.
Le ministère ukrainien des Finances pour sa part s'est engagé à prendre contact avec les détenteurs de la dette souveraine du pays.
"Une fois qu'un accord aura été conclu avec le FMI, le gouvernement ukrainien présentera sa feuille de route concernant les négociations avec ses créanciers", ajoute le communiqué.
"Les marchés attendaient ce pas" et "devraient lui réserver un bon accueil", a déclaré la ministre ukrainienne des Finances citée par le communiqué.
Interrogée ultérieurement par l'AFP sur le périmètre de dette qui pourrait être concernée par cette renégociation et l'objectif de cette négociation (étalement des paiements ou décote, etc), Natalia Jaresko n'a pas donné de détails mais a précisé qu'elle espérait que les choses avancerait en février.
"Nous avons une mission de travail à l'oeuvre et nous espérons qu'elle achève ses travaux le 29 janvier, donc, le plus tôt possible après cela, une fois que nous aurons une idée de ce que le programme (du FMI) pourrait couvrir, nous réunirons nos créanciers pour des consultations", a-t-elle déclaré.
De son côté Mme Lagarde a déclaré à Davos dans un communiqué que les autorités ukrainiennes "avaient demandé un arrangement multiannuel" destiné à "remplacer l'arrangement actuel".
"Nous allons discuter de cette demande au sein du comité exécutif du FMI", a ajouté Mme Lagarde.
Selon une source proche du dossier ayant requis l'anonymat, l'annonce d'une consultation des créanciers était une des conditions posées par le FMI pour annoncer la demande d'aide du fonds, afin de répartir un éventuel fardeau entre investisseurs privés et publics.
Début janvier, la Commission européenne a proposé de débloquer 1,8 milliard d'euros d'aides supplémentaires pour l'Ukraine.
Jusqu'à présent, l'Union européenne a déjà déboursé 1,36 milliard d'euros en faveur de l'Ukraine via deux programmes d'assistance macroéconomique. Une nouvelle tranche de 500 millions d'euros a été versée le 2 décembre. L'UE doit encore verser au printemps 250 millions d'euros, mais sous condition de mise en oeuvre effective des réformes sur lesquelles Kiev s'est déjà engagé.
La nouvelle enveloppe de 1,8 milliard d'euros constituera le troisième programme pour Kiev depuis 2010. Il peut être mis en oeuvre dans le courant de l'année 2015 et début 2016, a indiqué la Commission.
Interrogée sur la capacité du peuple ukrainien à endurer des réformes structurelles demandées par des créanciers internationaux, qui peuvent être mal vécues comme l'a illustré l'exemple grec, Mme Jaresko a estimé que le peuple était demandeur de ces réformes.
"Si nous pouvons expliquer aux Ukrainiens comment ces réformes vont améliorer leur vie, peut être pas demain, mais le jour suivant, ils ne vont pas seulement comprendre, mais ils seront reconnaissants", a-t-elle prédit.