SAINT-ANDRE-LEZ-LILLE (Nord) (Reuters) - Nicolas Sarkozy a appelé mercredi soir le "peuple de France" au "réveil de la Nation" dans un discours où il a renoué avec son thème de campagne favori, la défense de l'identité nationale et de l'autorité de la Nation mis à mal par le "renoncement des élites".
Dès ses premiers mots, l'ancien chef de l'Etat a donné le ton de ce qui sera sa candidature, toujours non déclarée, pour l'investiture présidentielle à droite, déclarant: "Je suis Français, vous êtes Français, nous sommes Français, c'est une chance, c'est un privilège !".
"La France c'est un corps, c’est un esprit, c’est une âme", a-t-il clamé, en vantant "l’amour charnel de la patrie".
Nicolas Sarkozy avait déjà développé ce thème lors de sa campagne victorieuse de 2007 et récidivé en 2012 sous l'influence de son conseiller Patrick Buisson en liant systématiquement cette problématique à l'immigration.
Il entend en faire cette fois un axe majeur de sa compétition avec Alain Juppé, toujours en tête des sondages pour la course à la primaire de droite, quitte à s'exposer une nouvelle fois aux accusations de marcher sur les plates-bandes du Front national.
Un petit millier de personnes avaient fait le déplacement pour l'écouter mercredi près de Lille, avec au premier rang le sénateur-maire de Troyes François Baroin.
Cette figure du chiraquisme a annoncé dimanche son ralliement au président des Républicains même s'il n'a jamais caché ses réserves à l'égard des discours identitaires. Le président LR de la région Hauts de France, Xavier Bertrand, ne s'est en revanche pas montré mercredi.
Dans un discours dont il soigneusement suivi le texte, Nicolas Sarkozy a enfoncé le clou : "La France n'est-elle pas en train de se dissoudre, de s'effacer, de disparaître à coup de renoncement, de lâcheté, de reculs, de démissions ? (...) La France restera-t-elle la France ?".
"Pourquoi, dans une société multiculturelle, tout le monde aurait-il le droit de cultiver sa différence, tout le monde sauf la majorité, tout le monde sauf le peuple français qui commettrait un crime contre l’altérité en voulant demeurer lui même", s'est-il interrogé.
L'ancien président de la République a stigmatisé dans la foulée la "tyrannie des minorités qui fait chaque jour davantage reculer la République", visant pêle-mêle les lycéens, les "zadistes", ceux qui bloquent les raffineries ou encore les casseurs devant lesquels, selon lui, l'Etat a renoncé, autant que les islamistes radicaux,
Face à cette situation, "l’heure a sonné de nous remettre debout, d’être de nouveau les fils d'une vieille histoire qui sera continuée".
(Pierre Savary, édité par Yann Le Guernigou)