PARIS (Reuters) - L'administration fiscale française a porté plainte pour "fraude fiscale" contre l'ex-secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Thomas Thévenoud, qui a dénoncé lundi un "acharnement orchestré" à son encontre et assure ne plus rien devoir à l'Etat.
Selon une source proche du dossier confirmant une information du Monde, cette plainte a été déposée sur avis de la commission des infractions fiscales, une autorité indépendante.
Contacté par Reuters, le ministère de l'Economie n'a pas souhaité faire de commentaires.
"Je vais me défendre. Je considère que j'ai réglé tout ce que je devais", a déclaré à Reuters celui qui fut un temps considéré comme une étoile montante du Parti socialiste.
"Je m'interroge sur le sens qu'il faut donner à la plainte qui a été déposée par l'administration fiscale à mon encontre", a ajouté Thomas Thévenoud, interrogé par téléphone.
L'ancien secrétaire d'Etat, toujours député, juge "injuste" cette plainte, dans la mesure où il estime avoir "corrigé" ses erreurs et versé tout ce qu'il devait, pénalités comprises.
"C'est un acharnement qui est orchestré", a-t-il poursuivi. "Ce matin, j'ai reçu l'avis d'un dépôt de plainte, et un quart d'heure après c'était au journal le Monde, avec des détails. Donc tout ça a été organisé."
Prié de préciser qui a orchestré cette plainte et la fuite dans les médias, il a répondu : "Regardez qui dépose plainte. Vous avez la réponse, c'est aussi simple que ça."
Nommé le 26 août 2014 secrétaire d'Etat au Commerce extérieur dans le gouvernement de Manuel Valls, Thomas Thévenoud avait dû en démissionner le 4 septembre pour n'avoir pas payé ses impôts pendant plusieurs années.
Des impayés de loyer, de frais médicaux et autres factures ont également été révélés par les médias. Thomas Thévenoud avait déclaré au Canard enchaîné souffrir de "phobie administrative".
"Aujourd'hui, personne au sein de l'administration fiscale ne peut dire que je suis en retard", fait-il valoir. "Je suis à jour de mes déclarations, de mes paiements, je suis mensualisé, je ne dois pas un centime."
"Je constate qu'il y a deux poids deux mesures dans ce pays", ajoute-t-il. "Personne ne m'empêchera de le dire."
"On est en train, en catimini, dans les bureaux de Bercy, de régulariser des situations fiscales frauduleuses, avec des gens qui ont placé de l'argent à l'étranger", explique-t-on. "Et moi, dont on connaissait tout (...) on me traduit devant un tribunal correctionnel !"
(Yann Le Guernigou et Emmanuel Jarry, édité par Marine Pennetier)