par Humeyra Pamuk et Daren Butler
ISTANBUL (Reuters) - Trois kamikazes se sont fait exploser à l'entrée de l'aéroport international d'Istanbul-Atatürk, mardi soir, après avoir ouvert le feu dans le hall des départs, tuant au moins 41 personnes.
Les premiers indices impliquent l'organisation djihadiste Etat islamique (EI), a déclaré le Premier ministre turc, Binali Yildirim. Parmi les blessés, qui sont 239, selon le bureau du gouverneur d'Istanbul, un petit nombre est dans un état grave, a précisé le chef du gouvernement. Dix ressortissants étrangers comptent parmi les tués.
L'attaque, qui n'a pas été revendiquée, a débuté vers 21h50. Les trois kamikazes sont arrivés en taxi à l'aéroport. "Les premiers indices montrent que chacun des trois kamikazes s'est fait exploser après avoir ouvert le feu", a précisé Binali Yildirim.
Les policiers en faction à l'entrée de l'aéroport ont tiré sur les assaillants juste avant qu'ils atteignent les contrôles de sécurité du terminal des arrivées et ceux-ci ont riposté et actionné leurs charges explosives.
L'attentat rappelle les attaques du 22 mars à Bruxelles, où 16 personnes ont été tuées à l'aéroport de Zaventem dans des explosions déclenchées par des kamikazes de l'EI. Seize autres personnes avaient été tuées ensuite dans un attentat-suicide à la station de métro Maelbeek, dans le centre de Bruxelles.
A l'issue d'une réunion de crise, le président Recep Tayyip Erdogan a vivement condamné dans un communiqué un attentat visant selon lui à "déstabiliser la Turquie en faisant couler le sang des innocents". Pour le Premier ministre, qui a dénoncé un acte "abject", "il est devenu clair (...) que le terrorisme est une menace mondiale". Il a ajouté que ce n'était pas une coïncidence que la Turquie soit frappée alors qu'elle connaît des succès dans son combat contre le terrorisme.
TIRS DANS LA FOULE
"Il y a eu une énorme explosion, très forte. Le toit s'est effondré. A l'intérieur de l'aéroport, c'est terrible, les dégâts sont énormes", a raconté Ali Tekin, qui attendait un passager dans le hall quand l'explosion a eu lieu.
Duygu, une ressortissante allemande qui arrivait en Turquie, a dit que tout le monde s'était mis à courir. "Il y avait du sang et des morceaux de corps partout. J'ai vu des impacts de balle sur les portes", a-t-elle ajouté.
Paul Roos, un Sud-Africain âgé de 77 ans, décrit l'un des kamikazes qui "tirait au hasard" dans le hall des départs du terminal international. "Il tirait sur tous les gens qui se trouvaient sur son chemin. Il était entièrement habillé de noir. Son visage n'était pas masqué. J'étais à 50 mètres de lui", raconte-t-il.
"On s'est réfugié derrière un comptoir mais je me suis relevé et je l'ai vu. Deux explosions ont retenti à peu d'intervalle. A ce moment-là, il avait arrêté de tirer", a-t-il dit à Reuters.
"Il s'est retourné et a commencé à avancer vers nous. Il tenait son arme à l'intérieur de sa veste. Il a regardé nerveusement autour de lui pour voir si quelqu'un allait l'arrêter et puis il a descendu l'escalator (...) On a entendu de nouveaux coups de feu puis une autre explosion, et après c'était fini."
Un autre témoin de l'attaque a déclaré à la chaîne de télévision NBC qu'il avait vu un policier ceinturer un des kamikazes et le plaquer au sol avant que celui-ci ne fasse exploser sa bombe.
D'après un témoin cité par CNN Türk, des blessés ont été transportés à bord de taxis vers les hôpitaux de la ville.
Le trafic aérien a repris à l'aéroport international.
La Turquie a été le théâtre de nombreuses attaques cette année, dont deux attentats suicides attribués à l'EI dans les quartiers touristiques d'Istanbul et deux attentats à la voiture piégée dans la capitale Ankara, revendiqués par un groupe kurde.
L'attentat a été condamné "dans les termes les plus forts" par la Maison blanche. En France, le Prmeier mihnistre, Manuel Valls, s'est dit "horrifié par l'attentat barbare à l'aéroport d'Istanbul" sur son compte Twitter.
De Bruxelles, où il participait au Conseil européen, François Hollande a condamné l'attaque et souhaité "qu'ensemble nous puissions faire tout ce qu'il est possible d'engager contre le terrorisme, notamment dans cette région".
"Il est à craindre que ces actes terroristes qui viennent après d'autres n'aient comme conséquence que de rendre encore plus difficile la situation en Turquie", a-t-il ajouté.
(Tangi Salaün et Julie Carriat pour le service français, édité par Gilles Trequesser)