Par Geoffrey Smith
Investing.com -- Point de retournement, rallye de soulagement ou bond du chat mort ?
C'est ce que se demandent la plupart des investisseurs européens jeudi, après que la Banque centrale européenne ait déclenché son bazooka en pleine nuit, annonçant un programme d'assouplissement monétaire qui va au-delà de tout ce qu'elle a dévoilé dans la crise de la dette.
Le paquet de 750 milliards d'euros a été accompagné d'une clarification de la BCE sur son engagement à maintenir les écarts de taux des obligations à un niveau bas, bannissant ainsi les craintes que l'union monétaire puisse sombrer dans une nouvelle crise.
Ces mesures audacieuses ont marqué le début de la fin de la dernière crise financière, mais les marchés hésitent encore à commencer à anticiper cela avant que l'épidémie de Covid-19 ne montre des signes d'apogée. Le nombre de nouveaux cas en Italie s'étant accéléré mercredi et continuant d'augmenter rapidement ailleurs sur le continent, ce moment est encore loin d'être atteint.
À 11h30, le benchmark Euro Stoxx 600 avait perdu 0,2% à 279,08, abandonnant ses gains à l'ouverture. C'est le FTSE MIB italien qui a fait la reprise la plus convaincante, avec une hausse de 1,6%, tandis que le DAX allemand était en baisse de 0,8%. L'inquiétude croissante face à une réponse britannique qui semble confuse a fait du Royaume-Uni le plus grand perdant du continent, avec une perte de 0,9%. L'indice des valeurs moyennes FTSE 250 a baissé encore plus fortement.
Les banques espagnoles et italiennes ont enregistré des gains importants, car leurs écarts de taux sur les obligations nationales se sont réduits. L'action d'Unicredit (MI:CRDI) a augmenté de 5,1% tandis que celle de Bankia (MC:BKIA) a progressé de 10,8%. La promesse du soutien de la BCE à la dette des entreprises a également contribué à un fort rebond de l'action de Ryanair (LON:{RYA), qui a augmenté de 7,4%, et de l'opérateur hôtelier Accor (PA:ACCP), en hausse de 5,1%. Les champions nationaux des télécommunications, du néerlandais KPN (AS:KPN) à l'espagnol Telefonica (MC:{TEF) et au français Orange (PA:ORAN), ont également connu une forte hausse, tandis que BT Group (LON:{BT) et Vodafone (LON:VOD) ont enregistré des performances inférieures.
Les mesures de soutien fiscal continuent également d'affluer : mercredi, le Sénat américain a adopté sans modification un programme de soutien de 500 milliards de dollars que la majorité des républicains avaient rejeté il y a une semaine à peine en tant que "liste de vœux libérale". Pendant ce temps, le gouvernement allemand a annoncé jeudi un autre paquet de mesures de 40 milliards d'euros pour soutenir les petites entreprises.
La décision allemande fait suite à la publication de l'indice Ifo du climat des affaires pour le mois de mars, qui a enregistré, comme prévu, la plus forte baisse mensuelle jamais enregistrée. Tant l'évaluation actuelle que la composante "attentes" ont chuté de manière significative, avec des attentes à leur plus bas niveau depuis janvier 2009, a noté l'économiste d'ING (AS:INGA), Carsten Brzeski.
Brzeski a toutefois averti que ces indicateurs "ne sont rien d'autre qu'un instantané" qui ne dit rien de substantiel sur l'avenir.
"La profondeur de la récession sera déterminée par la durée de l'épidémie de virus et des fermetures", a déclaré Brzeski dans une note aux clients. "Les mesures gouvernementales prises ces derniers jours ainsi que les mesures de la BCE hier soir et la semaine dernière devraient en quelque sorte amortir le plongeon mais sont encore plus importantes pour ouvrir la voie à une éventuelle reprise si et quand le pire sera derrière nous".