Par Geoffrey Smith
Investing.com -- Si l'Europe ne peut pas empêcher la vague de faillites à venir d'infecter le système financier, ce ne sera pas faute d'avoir essayé.
Les actions des banques étaient pour la plupart en hausse en Europe mardi, après que la Banque centrale européenne ait encore assouplie ses exigences en ce qui concerne leur comptabilité pendant la crise, en disant qu'elle les laisserait fonctionner en dessous de leurs niveaux de capital individuel pendant encore au moins deux ans et demi.
L'indice Stoxx 600 Banks a augmenté de 0,6%, dépassant légèrement la hausse de 0,3% de l'indice Stoxx 600. Les banques espagnoles, en particulier, ont été soutenues par l'annonce, ce qui reflète la crainte qu'elles aient plus que la plupart des autres besoin de l'allégement de leur capital si la deuxième vague d'infections au Covid-19 fait réellement dérailler la saison touristique estivale.
La BCE exige cependant un prix pour sa générosité. Elle a prolongé de six mois sa recommandation aux banques de ne pas verser de dividendes jusqu'à la fin de l'année (bien qu'elle réexaminera cette décision à la fin du trimestre). Cela va ennuyer notamment Jean-Pierre Mustier d'UniCredit (MI:CRDI), qui avait de grands projets de retour sur capital jusqu'à l'éclatement de la crise.
La banque centrale a déclaré qu'elle "s'engage à permettre aux banques d'opérer en dessous du P2G et de l'exigence combinée de tampon jusqu'à au moins fin 2022... sans déclencher automatiquement des actions de surveillance".
Le P2G, ou Pilier II d'orientation - est le ratio de capital que la BCE adapte pour chacune des banques sous sa supervision directe. Il reflète le degré de préoccupation de la BCE quant au modèle d'entreprise et à la solidité du bilan d'une banque. Fondamentalement, la recommandation de ratio de fonds propres P2G est le seuil à partir duquel les voyants passent de l'orange au rouge.
La BCE avait déjà signalé en mars qu'elle souhaitait que les banques évitent de saisir rapidement les créances douteuses. Elle craignait que des tentatives paniquées de protection du système financier n'aggravent le ralentissement de la crise de Covid-19 et, ce faisant, n'augmentent en fin de compte le risque d'une nouvelle crise financière.
Compte tenu du déficit de confiance historique dont le marché a fait preuve à l'égard des banques de la zone euro (leurs actions se négocient à un prix nettement inférieur à leur valeur comptable depuis une décennie), cette décision a été courageuse : de telles orientations ne pouvaient qu'accroître les doutes des investisseurs quant à la véracité des bilans des banques de la zone euro.
Bien qu'il soit bien trop tôt pour dire si ces doutes sont justifiés, la saison des bénéfices donne déjà lieu à des chiffres intéressants. La Bankia espagnole (MC:BKIA) a déclaré mardi que son ratio de fonds propres de base de niveau 1 - l'indicateur clé de la solidité financière - a augmenté de 32 points de base pour atteindre 13,27% à la fin du mois de juin, malgré l'ajout de 185 millions d'euros supplémentaires à ses provisions pour pertes sur prêts aux 125 millions qu'elle avait affichés en mars.
Le ratio de créances douteuses de la Bankia est passé de 4,95% à 4,86%, car elle a transféré une plus grande partie des créances douteuses de la dernière crise juste à temps pour faire face à une augmentation des prêts non performants due à la crise de Covid-19. L'action Bankia a augmenté de 2,4%.
La société néerlandaise ING (AS:INGA) a déclaré qu'elle comptabiliserait une dépréciation d'environ 300 millions d'euros au deuxième trimestre relative aux acquisitions passées. L'action ING a chuté de 0,7%.