L'UFC-Que Choisir a porté plainte contre le quatrième opérateur téléphonique, Free Mobile, à la trajectoire de comète, accusé par l'association de consommateurs d'entretenir la mauvaise qualité de son internet mobile sur réseau 3G pour des raisons financières.
L'UFC-Que Choisir veut déposer plainte pour "pratiques commerciales trompeuses", après avoir démontré dans une étude des problèmes de qualité de service du réseau 3G de l'opérateur.
L'étude technique, jusque là inédite, "met en évidence le manque criant de qualité des services 3G de Free Mobile en itinérance et, forte de cette expertise, dépose plainte contre l'opérateur pour pratiques commerciales trompeuses", a indiqué Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir, lors d'une conférence téléphonique jeudi.
"Tous les éléments semblent indiquer que Free Mobile agit de manière à décourager la consommation de données (internet mobile, ndlr) pour éviter de payer à Orange (à qui il loue le réseau, ndlr) une trop grande quantité de données", a-t-il ajouté.
Free a signé un accord d'itinérance avec Orange-France Télécom pour utiliser une partie de son réseau 2G et 3G le temps qu'il complète sa propre infrastructure.
L'étude utilise comme référence le "taux de non qualité" (TNQ) dont les critères sont d'abord de voir s'il y a un chargement ou pas, un test de démarrage de la séquence sur 60 secondes, et si le téléchargement a abouti au bout de 2 minutes.
Selon les résultats communiqués par l'association, les mesures réalisées pour les usages audio et vidéo, en streaming comme en téléchargement, montrent non seulement que les TNQ pour les services de Free Mobile en itinérance sont "bien plus élevés que ceux mesurés sur le réseau de l'opérateur et que ceux mesurés chez les historiques, mais aussi qu'ils atteignent des taux record".
"Décourager le téléchargement?"
"Le taux de non qualité atteint jusqu'à 88% pour le visionnage d'une vidéo à partir de l'application Dailymotion", insiste l'UFC qui pose la question: "Y aurait-il une gestion du trafic pour décourager le téléchargement?".
Orange s'était déjà défendu de telles pratiques dans la presse par la voix de Pierre Louette, son directeur général adjoint, qui a expliqué que Free Mobile avait un quota limité de données disponibles qui est fonction du montant qu'il accepte de payer.
Si Free "veut acheter plus de capacités, pourquoi pas", avait-il ajouté.
L'UFC souligne encore "qu'il semble impensable que le contrat d'itinérance entre Orange et Free Mobile ne contienne pas une clause protégeant Free Mobile contre de tels agissements", faisant ainsi retomber sur Free la responsabilité des problèmes de bande passante.
"On ne recrute 5 millions d'abonnés qu'avec un service au meilleur niveau, surtout avec des offres sans engagement!", se défendait pour sa part le patron de Free, Xavier Niel, dans une interview au Figaro de jeudi.
"Sur le +streaming+ vidéo et certains téléchargements en Ile-de-France aux heures de pointe, il y a pu avoir des débits insuffisants", admet-il en ajoutant que l'UFC "mesure la qualité séparément sur le réseau propre de Free et en itinérance sur Orange, cela n'a pas de sens. Dans la vraie vie, le consommateur a toujours le meilleur des deux réseaux".
L'UFC rappelle également qu'un rapport de l'Arcep (le régulateur des télécoms) de novembre 2012 montrait déjà très clairement que Free Mobile avait "des performances assez médiocres pour des usages tels que la navigation web ou le visionnage de vidéos en +streaming+".
Cependant, selon M. Niel, cette étude de l'Arcep plaçait au contraire "le service de Free Mobile à un excellent niveau".