par Noele Illien
BÂLE (Reuters) - Les dirigeants d'UBS ont reconnu mercredi devant leurs actionnaires que le rachat hâtif de leur concurrent Credit Suisse dans le cadre du plus grand sauvetage bancaire depuis la crise financière mondiale constituait une étape importante pour le secteur et un défi majeur pour la banque.
Décrivant la transaction comme "la première fusion de deux banques d'importance systémique mondiale", le président Colm Kelleher a cherché à rassurer les investisseurs, affirmant que l'opération signifiait également "un nouveau départ et d'énormes opportunités à venir pour la banque combinée et pour la place financière suisse dans son ensemble".
Le mois dernier, les autorités suisses ont annoncé qu'UBS rachèterait Credit suisse dans le cadre d'une fusion éclair destinée à enrayer les turbulences bancaires.
Après une ruée sur les dépôts, le gouvernement suisse s'est tourné vers UBS, qui a accepté de racheter Credit suisse pour 3 milliards de francs suisses (3,03 milliards d'euros), tandis que l'État helvète va apporter plus de 200 milliards de francs de soutien et de garanties.
Cette décision a suscité la colère non seulement des actionnaires, mais aussi d'une grande partie de la population suisse. Un sondage réalisé par le cabinet d'études politiques gfs.bern a révélé qu'une majorité de Suisses n'était pas favorable à l'accord.
Les actionnaires de la plus grande banque suisse auront l'occasion d'exprimer leur point de vue mercredi, mais UBS pourrait les convaincre par sa stabilité.
Pour 2022, la banque a fait état d'un bénéfice net de 7,6 milliards de dollars et de fortes rentrées d'argent dans la gestion de fortune, la division phare de l'entreprise.
Aujourd'hui, UBS cherche à savoir comment mener à bien la tâche colossale que représente l'intégration de Credit Suisse sans affaiblir ses points forts.
Elle a déjà fait un premier pas la semaine dernière, en annonçant la nomination surprise de son ancien patron Sergio Ermotti au poste de président-directeur général afin de piloter le rachat massif de Credit Suisse.
Mercredi marque le premier jour officiel de reprise du poste par Sergio Ermotti, mais il ne devrait pas être présent.
S'adressant aux actionnaires pour la dernière fois en tant que directeur général, Ralph Hamers a reconnu que la fusion avait entraîné de nouvelles priorités pour la banque, expliquant le changement annoncé de direction.
"L'acquisition de Credit Suisse sera un défi majeur", a-t-il déclaré, tout en se faisant l'écho du président de la banque en soulignant les nouvelles opportunités.
"Elle devrait donner naissance à une entreprise dont le total des actifs investis s'élève à plus de 5.000 milliards de dollars", a-t-il souligné.
Mardi, le président de Credit Suisse, Axel Lehmann, a présenté ses excuses aux actionnaires pour avoir conduit le groupe au bord de la faillite, lors de la dernière assemblée générale de l'histoire de la banque helvète.
(Reportage Noele Illien ; Version française Kate Entringer et Nathan Vifflin, édité par Blandine Hénault)