par Sybille de La Hamaide
PARIS (Reuters) - L'Agence nationale de sécurité alimentaire et de l'alimentation (Anses) a engagé mercredi une procédure de retrait des principaux usages d'un des pesticides les plus utilisés en France, le S-métolachlore de la société suisse Syngenta, en raison d'un niveau élevé de contamination des eaux souterraines.
Des métabolites du S-métolachlore, utilisé notamment pour la culture du maïs et du tournesol, ont été retrouvés dans des concentrations supérieures à la limite de qualité fixée par la législation européenne, souligne l'Anses.
L'agence dit aussi avoir pris en compte la classification de l'herbicide comme "substance cancérigène suspectée" (cancérigène de catégorie 2) par l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) en juin 2022.
"Au vu du risque pour la qualité des ressources en eau, l'Anses engage une procédure de retrait des principaux usages des produits phytopharmaceutiques contenant la substance active S-métolachlore", dit-elle dans un communiqué.
"Cela permettra de réduire la contamination de l'environnement par cette substance et contribuera donc à une restauration progressive de la qualité des eaux souterraines", ajoute-t-elle.
L'Anses ne précise pas quels sont les "principaux usages" auxquels elle fait référence. Elle avait déjà ordonné en 2021 la réduction des doses maximales d'emploi du S-métolachlore pour la culture du maïs, du tournesol, du soja et du sorgho.
Syngenta France a déclaré avoir pris note de cette décision mais a souligné qu'il n'y avait pas de risque sanitaire à l'utilisation de produits contenant du S-métolachlore.
"Un lien avec le cancer est seulement suspecté, pas avéré", a déclaré à Reuters un porte-parole de la société.
L'herbicide, dont l'autorisation dans l'Union européenne expire cette année, fait actuellement l'objet d'un examen de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) dont les conclusions sont attendues sous peu.
"Ce décalage avec le calendrier européen aura pour effet de provoquer une nouvelle situation de surtransposition réglementaire et donc des distorsions de concurrence inacceptables avec les autres Etats membres de l'UE," ont écrit dans un communiqué commun les principales organisations de producteurs de grandes cultures.
Si le recours au désherbage mécanique est envisageable en substitution dans certains cas, son usage n'est pas possible pour tout type de culture et il représente une solution nettement moins efficace et plus coûteuse, ont-elles ajouté.
Se félicitant de la décision de l'Anses, l'association de défense de l'environnement Génération futures a dit s'attendre à ce qu'une mesure similaire soit prise au niveau européen.
(Reportage de Sybille de La Hamaide, rédigé par Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault et Jean Terzian)