Entre une énième rencontre cruciale sur la dette grecque et une réunion de la Réserve fédérale américaine, les nerfs de la Bourse de Paris risquent une nouvelle fois d'être mis à rude épreuve la semaine prochaine.
Sur des marchés toujours très soutenus par des politiques monétaires généreuses et redoutant du même coup un changement de cap, la réunion du comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed mardi et mercredi sera logiquement très scrutée.
"Le FOMC et surtout la conférence de presse de sa présidente, Janet Yellen, mercredi soir devrait permettre d'y voir plus clair sur les positions des autres membres de l'institution" concernant le calendrier du relèvement des taux directeurs, explique Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC.
"Le consensus des analystes table sur un relèvement en septembre mais d'un point de vue strictement macroéconomique, il n'y a pas de raisons de précipiter une remontée des taux d'intérêt aux Etats-Unis", estime Yves Maillot, directeur gestion actions européennes de Natixis Asset Management.
"L'attention va également être très concentrée sur la poursuite des négociations entre la Grèce et ses créanciers", avec non seulement la réunion de l'Eurogroupe jeudi au Luxembourg, mais également "en début de semaine, les déclarations des uns et des autres" sur le dossier, complète M. Mourier.
Les investisseurs auront aussi quelques statistiques à surveiller, comme la production industrielle aux Etats-Unis en mai, les chiffres définitifs de l'inflation en zone euro pour le même mois ou le baromètre Zew de la confiance des professionnels de la finance dans l'économie allemande en juin.
"Entre la Grèce et la Fed, il y a beaucoup de chances que la volatilité soit au rendez-vous", prévoit M. Maillot.
"Le dossier grec a surtout servi de prétexte depuis un mois et demi environ à un mouvement de correction de la cote parisienne", analyse-t-il en jugeant "pas du tout improbable de voir la consolidation se poursuivre" encore un temps.
Au cours de la semaine écoulée, la cote qui a vécu au rythme des soubresauts sur la Grèce, a ainsi perdu 0,40% pour finir vendredi à 4.901,19 points. Depuis le début de l'année, sa performance reste néanmoins positive avec une progression de 14,71%.
"Les négociations sur la Grèce écrasent un peu tout en ce moment, avec une vraie incertitude sur les évolutions possibles qui met les marchés à la merci de chaque rebondissement", observe M. Mourier.
En la matière, les marchés sont "face à une situation inédite avec une multitude de scenarii entre un simple incident de paiement, un défaut de paiement probable et un défaut total qui n'est pas totalement impossible, ce qui ne signifie pas forcément une sortie de la zone euro puisque personne ne le souhaite", développe M. Maillot.
Outre la dette grecque, l'arrivée de la fin du semestre et la volonté de présenter de bons bilans à mi-parcours fait aussi qu'il "n'y a plus beaucoup d'intervenants pour contrer la tendances actuelle", explique-t-il.
"Il n'y a quasiment plus d'acheteurs - mais pas de grosses sorties non plus - et il va falloir attendre quelques semaines pour que les choses éventuellement évoluent", poursuit-il.
A plus long terme, selon lui, "une reprise des profits des entreprises en zone euro se profile, avec globalement en moyenne une progression attendue de 17% en 2015", mais "en attendant la cote parisienne risque d'être encore un peu chahutée".