par Karen Freifeld et Jody Godoy
NEW YORK (Reuters) - Donald Trump a plaidé mardi devant un tribunal de New York non coupable de 34 chefs d'accusation le visant pour falsification de registres, les procureurs reprochant à l'ancien président américain d'avoir violé des lois électorales en payant deux femmes pour leur silence sur des relations sexuelles avec lui.
Il s'agit d'une journée historique aux Etats-Unis où aucun président, en exercice ou non, n'avait jusqu'alors été visé par un acte d'inculpation au pénal.
Donald Trump, candidat déclaré pour l'élection présidentielle de 2024 et actuel favori dans la course à l'investiture du Parti républicain, dénonce des manoeuvres politiques. Il a assuré par le passé qu'il poursuivrait sa campagne même en cas d'inculpation, comme la loi l'y autorise.
Rendu public dans la foulée d'une audience dans un tribunal de Manhattan, l'acte d'inculpation indique que Donald Trump et d'autres ont violé les lois électorales en complotant pour éviter la publication d'informations négatives sur l'ancien présentateur de télévision lors de la campagne de 2016.
Les procureurs ont enquêté principalement sur des paiements à Stormy Daniels, ancienne actrice de films X, et Karen McDougal, ancienne mannequin du magazine Playboy.
Vêtu d'un costume bleu sombre et d'une cravate rouge, Donald Trump s'est montré mardi peu expressif avant de pénétrer au tribunal, saluant sobrement la foule, alors que des centaines de partisans et détracteurs de l'ancien président s'étaient rassemblés près de l'entrée du bâtiment.
"Non coupable", a-t-il répondu durant l'audience lorsqu'il lui a été demandé comment il plaidait. Il est resté muet devant les journalistes à son arrivée au tribunal puis à sa sortie du bâtiment, environ une heure plus tard.
Todd Blanche, l'un des avocats de Donald Trump, a déclaré après l'audience que son client était frustré et en colère. "Mais il est motivé. Et cela ne va pas l'arrêter. Et cela ne va pas le ralentir. Et c'est exactement ce à quoi il s'attendait".
"SURRÉALISTE"
Le juge a fixé la prochaine audience au 4 décembre et n'a pas contraint les parties à conserver le silence sur l'affaire d'ici-là. Des experts juridiques estiment que le procès pourrait débuter dans plus d'un an.
Donald Trump a prévu de s'exprimer mardi soir à son retour à son domicile floridien de Mar-a-Lago, qu'il avait quitté lundi pour rejoindre New York, ville où il a grandi et bâti son empire immobilier.
Alors qu'il était escorté au tribunal par un convoi de véhicules parti de la Trump Tower, l'ancien président a décrit via son réseau social Truth la situation comme "surréaliste", disant ne pas pouvoir croire que "cela se produise en Amérique".
Donald Trump encourt au total une peine de plus de 100 ans d'emprisonnement, au regard des chefs d'accusation le visant, même s'il est vraisemblable qu'une éventuelle condamnation débouche sur une peine de prison nettement moins longue.
A Washington, la Maison blanche est restée muette sur l'affaire. "Le peuple américain doit se sentir rassuré que, lorsqu'il y a une affaire comme celle-ci, nous ne commentons tout simplement pas", a dit la porte-parole de la présidence américaine, Karine Jean-Pierre, devant des journalistes.
Parmi les preuves citées par les procureurs figure un enregistrement audio dans lequel Donald Trump et son ancien avocat personnel Michael Cohen discutent de moyens d'empêcher que sa relation avec Stormy Daniels soit ébruitée.
Les chèques effectués par Donald Trump pour rembourser son avocat des sommes versées à Stormy Daniels ont été présentés comme les paiements d'un "mandat de représentation", ont dit les procureurs, accusant Trump d'avoir falsifié les comptes de son entreprise à des fins de fraude.
Michael Cohen a admis dans le passé s'être coordonné avec son client pour effectuer des versements à Stormy Daniels et Karen McDougal. Donald Trump a nié avoir eu des relations sexuelles avec elles, mais a reconnu avoir remboursé Cohen.
Donald Trump, qui a annoncé en novembre être candidat à l'élection présidentielle de l'an prochain pour empêcher le démocrate Joe Biden, victorieux à ses dépens en 2020, d'obtenir un second mandat, est visé par plusieurs autres enquêtes, dont une enquête fédérale sur ses tentatives de faire annuler les résultats du scrutin de 2020.
(Reportage Karen Freifeld et Jody Godoy, avec Julia Harte, Tyler Clifford, Jonathan Allen, Jeenah Moon et David Dee Delgado, Nathan Layne, Doina Chiacu et Richard Cowan; version française Jean Terzian)