par Gérard Bon
PARIS (Reuters) - Les cinq hommes arrêtés à Strasbourg et Marseille et soupçonnés d'avoir projeté des attentats en France ont été mis en examen et en détention provisoire vendredi, dit-on de source judiciaire.
Selon le procureur de Paris, ils étaient téléguidés à partir de la zone irako-syrienne et des écrits d'allégeance à l'Etat islamique (EI) ont été saisis.
"Des armes et des instructions communes émanant de la zone irako-syrienne pour se procurer des armes ont été découvertes aux domiciles des cinq personnes interpellées", a dit François Molins lors d'un point de presse.
Les cinq hommes, deux Français, un Franco-Tunisien et un Franco-Marocain interpellés à Strasbourg, ainsi qu'un Marocain arrêté à Marseille, recevaient des ordres "via une application cryptée", a-t-il précisé.
"C'est un passage à l'acte imminent qui a pu être évité" grâce aux interpellations du 20 novembre, a ajouté le magistrat, qui a confirmé qu'une action était envisagée le 1er décembre.
Déférés vendredi devant la justice, les cinq ont été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation de crimes d'atteinte aux personnes.
Trois d'entre eux (Yassine B., Sami B. et Zacaria M.) ont en outre été mis en examen pour acquisition, détention, transport, offre ou cession illégale d'armes et de munitions de catégorie A et B, en réunion et en relation avec une entreprise terroriste, précise-t-on de source judiciaire.
Un des membres du commando de Strasbourg était animateur dans une école de la capitale alsacienne, un autre manutentionnaire et un troisième travaillait dans une épicerie. Deux ont un casier judiciaire.
Le Marocain interpellé à Marseille venait du Portugal et avait effectué de nombreux voyages en Europe avec de faux papiers, a précisé le procureur de Paris.
Trois pistolets et un pistolet-mitrailleur ont été saisis lors des perquisitions.
UNE ACTION PRÉVUE LE 1ER DÉCEMBRE
Les enquêteurs ont retrouvé plusieurs écrits "très clairs" d'allégeance à l'EI, dont un cahier où sont évoqués sur 12 pages le djihad armé, la mort en martyr et se référant à Abou Bakr al Baghdadi, le chef du groupe djihadiste, a dit François Molins.
L'enquête, qui a duré huit mois, a fait appel à des techniques performantes qui n'avaient jamais été mises en oeuvre jusque-là dans la lutte contre le terrorisme djihadiste.
Le commando de Strasbourg attendait de l'argent et cherchait à se procureur des armes. Le Marocain arrêté à Marseille était en possession de près de 4.300 euros, a précisé le magistrat.
Les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont eu la conviction que les suspects étaient dans une phase de repérage de cibles potentielles grâce à l'exploitation d'un ordinateur et d'un smartphone.
Le siège de la DGSI à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), celui de la police judiciaire au 36 Quai des Orfèvres, le palais de justice, les Champs-Elysées, une médiathèque, une église, le site d'Eurodisney (Val-de-Marne) ou encore la station de métro Charonne figurent notamment sur des captures d'écran Google (NASDAQ:GOOGL) Maps, ont précisé des sources policières.
Les enquêteurs n'ont pas pu définir à ce stade quelle était la cible envisagée pour un passage à l'action le 1er décembre, a précisé François Molins. Mais "il y avait une volonté manifeste de passer à l'acte", a-t-il dit.
Deux membres du commando strasbourgeois étaient allés à la frontière syrienne via Chypre en mars 2015 et un troisième avait été refoulé par les autorités turques.
"Il y avait a minima des velléités de rejoindre des groupes djihadistes", a dit François Molins.
Selon une source proche du dossier, la DGSI a fait savoir aux suspects, qui étaient alors sous surveillance, qu'une cache d'armes était disponible dans la région parisienne. Un leurre destiné à les amener à se dévoiler.
(Avec Chine Labbé, édité par Emmanuel Jarry)