PARIS (Reuters) - La reprise économique post-pandémique ne sera pas aussi rapide que l'anticipe le marché mais elle s'annonce progressive et irrégulière à partir du deuxième semestre, estiment les stratèges de BNP Paribas (PA:BNPP) Asset Management.
Le choc sans précédent provoqué par la crise du coronavirus a balayé en quelques jours le scénario central de BNP Paribas de 'Goldilocks', caractérisé par une croissance et une inflation modérées.
"Contrairement à la crise de 2008, personne ne pouvait anticiper ce choc exogène. Nous ne nous attendions pas à sortir de notre scénario sur lequel nous communiquons depuis des années pour entrer en récession", a déclaré Christophe Moulin, responsable de la gestion multi-actifs de la filiale de gestion de la banque française, lors d'une conférence en ligne.
"Mais nous ne voyons pas la récession se prolonger", a-t-il ajouté. "Le marché anticipe une reprise en V là où nous tablons sur un U avec un retour sur les niveaux de croissance de pré-crise dans les deux ans. Mais la reprise sera chaotique, le U ne sera pas parfait."
Ce scénario économique couplé au soutien des banques centrales et des gouvernements ainsi qu'aux avancées de la recherche d'un vaccin contre le Covid-19 devrait assurer un support aux actifs risqués à l'horizon de six mois à un an malgré la résurgence probable d'épisodes épidémiques qui seraient mieux contrôlés et sans confinement généralisé.
Dans ce contexte, les experts sont constructifs sur les actifs risqués à moyen terme mais restent prudents, en particulier sur le très court terme. Depuis le début du mois juin, les experts de BNP Paribas AM ont en effet fortement réduit leurs expositions aux actifs risqués et sont même vendeurs sur les actions américaines et européennes pour des raisons tactiques.
"Nos indicateurs techniques sur les cycles tactiques étant passés au rouge en juin, nous avons choisi de neutraliser les risques pour une fenêtre de juin à mi-juillet," a dit Christophe Moulin.
A l'image de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne, BNP Paribas s'est positionné depuis avril sur le crédit classé en catégorie investissement ('investment grade') dont les valorisations sont encore attractives, en particulier en comparaison à la dette souveraine.
Les stratèges n'écartent pas la possibilité de se positionner sur la dette à haut rendement en cas de phase de stress.
Nouveauté dans leurs allocations pour le reste de l'année: les matières premières, qui ont pour habitude de surperformer les autres classes d'actifs en début de cycle, a expliqué Christophe Moulin.
"On estime que les matières premières ont atteint un plus bas, en particulier pour le pétrole. Notre conviction est un peu moins forte pour les métaux mais globalement, nous pensons qu'on est sur des points d'entrée très intéressants à moyen terme sur les matières premières, ce qui est assez nouveau pour nous", a-t-il ajouté.
(Laetitia Volga, édité par Marc Angrand)