Le marché des changes digérait les annonces effectuées hier par la Fed, qui dans l'ensemble s'avèrent conformes aux attentes : pas de tour de vis cette fois-ci, mais un renforcement de la probabilité d'une intervention en décembre. Malgré la perspective d'une hausse du rendement des actifs en dollars, le mouvement s'annonce des plus graduels. La monnaie unique européenne en profite pour continuer de monter face au dollar : + 0,36% à 1,1233 dollar l'euro ce midi.
La principale devise du Vieux Continent prend aussi 0,65% face au yen à 113,12, 0,19% contre le sterling à 0,8601, mais se tasse de 0,07% à 1,0893 franc suisse l'euro.
Que retenir des annonces effectuées par la Réserve fédérale américaine ? D'abord, la mise à jour de ses projections macro-économiques, ajustées une fois de plus vers le bas : ainsi, l'estimation de la croissance que devrait connaître le PIB américain cette année a été abaissée par la Fed à 1,8%, contre 2% en juin dernier. Mais si des taux de 2% sont toujours attendus en 2017 comme en 2018. Idem pour le taux de chômage estimatif de 2016, ajusté par la banque centrale américaine de 4,7 à 4,8% (il était en août de 4,9%). Enfin, l'estimation de l'inflation en données centrales 'PCE', la plus suivie par la Fed, est inchangée cette année à 1,7%, mais elle est écrêtée au titre de 2017 de 1,9 à 1,8%.
Certes, le principal taux directeur de court terme a été maintenu à 0,25-0,50%. Mais dans le communiqué publié hier à 20 heures, les termes utilisés par la Réserve fédérale témoignent de davantage de confiance en la conjoncture, la vigueur des créations de postes étant soulignée. Ainsi qu'une amélioration de la tendance par rapport au premier semestre.
Chez la banque canadienne FBN, on souligne que 'les rangs des dissidents ont grossi', trois des membres du FOMC sur dix s'étant cette fois montrés favorables à une hausse des taux. Les 'dot charts', ces graphiques reflétant les positions actuelles et futures des membres du FOMC sur le sujet, traduit d'ailleurs un sentiment prospectif plus faucon.
D'ailleurs, dans le communiqué de presse, cette phrase a notamment été ajoutée : 'le comité (de politique monétaire de la Fed) estime que les arguments en faveur du relèvement des taux courts se sont renforcés mais il a décidé, pour l'instant, d'attendre davantage de preuves que la conjoncture évolue conformément à ses objectifs'. Ce qui ressemble fort aux prémisses d'une tension monétaire.
Dans la conférence de presse qui a suivi, selon Aurel BGC, la présidente de la Fed, Janet Yellen, a tenu un discours nettement plus 'faucon'. Elle a évoqué les risques de 'surchauffe' de l'économie, avec des tensions de plus en plus fortes sur le marché du travail, et de 'bulle' sur certains actifs.
'Mme Yellen a indiqué qu'une hausse des taux d'intérêt en novembre est possible, mais personne ne l'a cru...' en raison de la concomitance des présidentielles américaines s'amusent encore les analystes. Qui terminent ainsi: 'la prochaine hausse des taux directeurs semble être pour la mi-décembre. Chez Saxo Banque, on rappelle que la probabilité implicite d'un relèvement en décembre est désormais très majoritaire, à 64%.
'La porte est clairement ouverte pour une hausse de taux directeurs d'ici la fin de 2016', confirment les économistes de la banque canadienne Desjardins, selon lesquels 'la Fed pourra aller de l'avant, probablement lors de la réunion du 14 décembre... si les résultats électoraux ne causent pas trop d'émois.'
Même prévision de la banque FBN. La baisse du taux (d'intérêt) neutre à long terme ne devrait pas surprendre vu le recul du potentiel de l'économie. Cela signifie simplement que les hausses de taux de la Fed seront très graduelles, et que les taux culmineront à un niveau très faible, nuancent les spécialistes.
Plus près de nous, dans l'après-midi, depuis les Etats-Unis, les cambistes prendront connaissance des chiffres hebdomadaires du chômage, des ventes de logements anciens, et de l'indicateur avancé du Conference Board au titre du mois écoulé.
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