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Coup d'Etat au Burkina Faso, tirs à Ouagadougou

Publié le 17/09/2015 12:56
© Reuters. COUP D'ÉTAT AU BURKINA FASO, TIRS À OUAGADOUGOU

OUAGADOUGOU (Reuters) - Des membres de la garde présidentielle du Burkina Faso ont annoncé jeudi la dissolution du gouvernement de transition et la nomination d'un général à la tête d'un nouveau "conseil national pour la démocratie".

Moins d'un mois avant des élections censées parachever la transition depuis la chute du président Blaise Compaoré en octobre 2014, un militaire en uniforme a annoncé à la télévision nationale la destitution du président de transition, Michel Kafando, arrêté la veille par des soldats.

Ce militaire en uniforme, qui n'a pas été identifié, a également annoncé la mise en place d'un "conseil national pour la démocratie" (CND) chargé d'organiser des élections.

En milieu de journée, les militaires putschistes ont annoncé la fermeture des frontières et l'instauration d'un couvre-feu nocturne. Ils ont en outre désigné le général Gilbert Diendéré à la tête du CND.

Le président du Parlement intérimaire, Moumina Cheriff Sy, a condamné le putsch et appelé l'armée à intervenir pour mettre fin au coup d'Etat.

"La transition a été mise en place par la volonté du peuple qui a fixé sa durée et sa mission. Ce n'est pas un groupuscule qui va changer la donne. En l'absence du président Kafando, j'assume désormais la présidence de la transition. J'appelle les forces militaires à prendre toutes les dispositions pour mettre fin à cette forfaiture", a-t-il dit à Reuters.

Le coup de force du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), nom officiel de la garde présidentielle, intervient à moins d'un mois d'élections présidentielle et législatives prévues le 11 octobre.

LA FRANCE "CONDAMNE FERMEMENT"

Ancienne puissance coloniale, la France "condamne fermement le coup d'Etat au Burkina Faso", a déclaré François Hollande, qui "appelle à la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées, à la remise en place des autorités de la transition et à la reprise du processus électoral".

Dans un message publié sur son site internet, le ministère français des Affaires étrangères recommande aux Français présents à Ouagadougou de rester confinés à leur domicile et aux voyageurs de reporter tout projet de déplacement au Burkina.

Deux cent vingt membres des forces spéciales françaises sont basés à Ouagadougou dans le cadre de l'opération Barkhane.

Sur la place de l'indépendance, dans le centre de la capitale burkinabé, des soldats ont effectué des tirs de sommation, pour tenter de disperser une foule de manifestants protestant contre ce putsch. Une centaine de personnes s'étaient rassemblées sur la place pour réclamer la libération du président et des membres du gouvernement.

Des tirs ont retenti épisodiquement dans d'autres quartiers de la capitale.

Dans un communiqué, les putschistes affirment que la "transition s'est (...) illustrée par des arrestations arbitraires en négation des règles de droit faisant le lit d'une justice sélective au service des vainqueurs".

"Le régime de transition s'est progressivement écarté des objectifs de refondation d'une démocratie consensuelle. (...) "L'intervention du CND a pour but principal d'enclencher un processus cohérent, juste et équilibré devant conduire à la mise en place d'un système institutionnel robuste."

"UNE ARMÉE AU SEIN DE L'ARMÉE"

Les scrutins du 11 octobre étaient censés parachever le processus de transition et le retour du pays à la démocratie un an après la chute du président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par une vague de manifestations pour avoir voulu changer la Constitution et prolonger ainsi ses 27 années à la tête du pays.

Le RSP était un des piliers du régime de Blaise Compaoré.

Lundi, la Commission de réconciliation et des réformes, chargée de présenter des réformes pour le gouvernement de transition, avait proposé de démanteler le RSP. Dans son rapport remis au Premier ministre, la Commission décrit le régiment de 1.200 hommes comme "une armée au sein de l'armée".

© Reuters. COUP D'ÉTAT AU BURKINA FASO, TIRS À OUAGADOUGOU

En février, le RSP avait tenté de forcer le Premier ministre à démissionner parce qu'il envisageait de réduire ses effectifs.

(Nadoun Coulibaly et Mathieu Bonkoungou, avec John Irish et Marine Pennetier à Paris, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)

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