La mise en service de deux nouvelles lignes LGV le 2 juillet vers l'Ouest suscite de fortes attentes en Bretagne, région qui a longtemps souffert de sa périphérie, tandis que le Sud-Ouest engrange déjà des retombées économiques positives.
Bientôt à moins de 1H30 de Paris, Rennes gagnera au mieux près de 40 minutes avec la capitale. Pour Emmanuel Couet, président de Rennes Métropole, la prolongation de la LGV entre Le Mans et Rennes constitue assurément "un accélérateur de développement" auquel la région travaille "depuis bientôt 10 ans".
Nouvelle gare, inauguration de son premier centre des congrès, deuxième ligne de métro, quartier "EuroRennes" et ses 125.000 m2 de bureaux attendus en 2025, Rennes mise sur la LGV pour attirer les Franciliens et développer le tourisme d'affaires, aidée par une grande campagne de communication. "Notre objectif est d'avoir 25% d'entreprises franciliennes sur +EuroRennes+", souligne M. Couet, qui mise sur une "délocalisation des fonctions supports des grands groupes".
La LGV devrait aussi favoriser le nomadisme salarial. "On se dit qu'on n'a plus besoin de partir trois jours par semaine à Paris. L'aller-retour dans la journée devient plausible", témoigne Hugues Meilli, PDG de Niji, société spécialisée dans le numérique, dont "80% de l'activité dépend d'entreprises franciliennes".
La région mise sur les courts séjours touristiques, la LGV devant faire gagner à Brest et Quimper une petite heure de trajet avec Paris. "Cette ligne, on l'attend depuis de nombreuses années parce qu'on s'aperçoit que le facteur temps, surtout pour les Parisiens, est très, très important", explique ainsi Brigitte Corre, qui gère un hôtel 4 étoiles à Plougonvelin (Finistère).
- Les entreprises plébiscitent Bordeaux -
Certains, comme Gilles Blanschong, élu à la CCI de Bretagne, mettent en garde contre un déséquilibre entre Rennes, "nettement favorisée par la LGV", et la région, dont "le centre ne sera raccroché à la LGV que par des liaisons TER". "Rennes doit servir d'aspirateur vers le reste de la Bretagne, non de terminus".
A Bordeaux, qui sera dimanche à 2H04 de la capitale au lieu de 3H14 grâce à la mise en LGV du tronçon Tours-Bordeaux, les retombées économiques se font déjà sentir, selon Robert Ghilardi de Benedetti, directeur de l'agence de développement économique "Invest in Bordeaux". "Ce n'est pas que le TGV, il y a un effet qui remonte à 4-5 ans qui fait que l'image de Bordeaux a changé", explique-t-il, faisant allusion au classement Unesco de la métropole et à sa qualification de destination "tendance" par plusieurs guides.
Le nombre d'implantations d'entreprises traitées par cette agence est ainsi passé de 35 par an entre 1996 et 2014 à 75 en 2016, soit plus de 2.500 emplois créés l'an dernier.
Ce boum fait redouter des tensions sur le marché de l'immobilier d'entreprise, même si le nouveau quartier "Euratlantique" se traduira par des m2 supplémentaires dès 2018. Quant à l'immobilier classique, il a atteint "des chiffres déraisonnables", regrette M. Ghilardi de Benedetti, citant le maximum atteint par des appartements récemment achetés sur plan par des Parisiens à 12.000 euros le m2 en centre-ville.
Côté touristique, les destinations les plus prisées comme le Bassin d'Arcachon n'attendent pas de grosses répercussions en pleine saison. L'effet pourrait néanmoins se faire sentir hors saison pendant les week-ends.
Plus au Nord, Angoulême, qui sera à 1H45 de Paris et à 36 minutes de Bordeaux, espère capter "une partie des 200.000 Franciliens qui quittent Paris chaque année" pour s'installer en province, et "devenir un point de chute pour les Bordelais", explique-t-on à la communauté d'agglomération du Grand Angoulême.
En Bretagne, l'immobilier est en pleine forme, avec une hausse de 30% des transactions au premier trimestre pour les appartements anciens, Loire-Atlantique comprise. Un niveau jugé "inédit" par les professionnels. Le marché profite aux villes côtières directement reliées par le TGV, telle Saint-Malo. Mais les prix sont globalement stables, à quelques exceptions près comme le Morbihan, ou le quartier sud-gare de Rennes, où les appartements neufs ont bondi de 16% en un an, les maisons anciennes de 17%.