par John Irish
NATIONS UNIES (Reuters) - Emmanuel Macron a pris le contre-pied mardi de Donald Trump en s'en critiquant, lors d'un discours devant l'Assemblée générale des Nations unies, la "loi du plus fort" et l'unilatéralisme qui conduisent selon lui directement "au repli et au conflit".
Moins d'une heure après la prise de parole de son homologue américain qui a confirmé le retrait des Etats-Unis de plusieurs instances internationales, le chef de l'Etat français a défendu le multilatéralisme et les "règles communes".
"La loi du plus fort, la tentation pour chacun de suivre sa propre loi : cette voie, celle de l'unilatéralisme, nous conduit directement au repli et au conflit, à la confrontation généralisée de tous contre tous, au détriment de chacun", a-t-il souligné devant une centaine de chefs d'Etat et de gouvernements.
"Défendre la coopération et le multilatéralisme peut ne plus être à la mode", a-t-il poursuivi. "Alors ne soyons pas à la mode, nous le devons à ceux qui nous ont permis d'être assis là, n'oubliez jamais que les génocides étaient nourris par les discours auxquels nous nous habituons, parce qu'ils ont été nourris par les succès d'estrade que nous applaudissons".
"Nous sommes en train de voir aujourd'hui se déliter le droit international, toutes les formes de coopération comme si de rien n'était, par peur, par complicité. Moi je ne m'y résous pas", a-t-il ajouté.
En un an, le fossé s'est creusé entre partisans du multilatéralisme et du protectionnisme au gré du départ avec fracas des Etats-Unis d'une série d'instances internationales.
Après avoir annoncé le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat et de celui sur le programme nucléaire iranien de 2015, le président américain a officialisé en juin le départ de Washington du Conseil des droits de l'homme de l'Onu. Donald Trump n'a également pas mâché ses mots contre l'Otan et l'OMC.
"DES REGLES COMMUNES"
Sans surprise, le discours du locataire de la Maison blanche mardi n'a pas détonné. Donald Trump, qui s'est entretenu lundi soir avec son homologue français, a notamment dénoncé la "dictature corrompue" de l'Iran et appelé l'ensemble de la communauté internationale à isoler le régime de Téhéran.
"Qu'est ce qui permettra de régler véritablement la situation en Iran? La loi plus fort, la pression d'un seul? Non", a réagi Emmanuel Macron à la tribune. "Nous savons que l'Iran était sur la voie du nucléaire militaire mais qu'est-ce qui l'a stoppé? L'accord de Vienne de 2015".
De la même manière, "qu'est-ce qui règlera le problème des déséquilibres commerciaux? Des règles communes permettant d'assurer des conditions de concurrence loyales, égales, et en aucun cas un traitement bilatéral de tous nos différends commerciaux ou un nouveau protectionnisme", a-t-il ajouté.
Concernant le conflit israélo-palestinien, la "loi du plus fort ne fera que renforcer les frustrations et le violences", a-t-il poursuivi, visant implicitement la décision unilatérale des Etats-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale de l'Etat hébreu.
Le chef de l'Etat, dont le pays assurera la présidence tournante du G7 l'année prochaine, a annoncé son intention de faire de la lutte contre les inégalités la priorité du sommet qui se tiendra à Biarritz fin août.
Il a appelé à la mise en place d'un "mécanisme collectif pour travailler ensemble à ce que nous faisons dans chacun de nos pays pour réduire les inégalités, d'évaluer et de mieux mettre en cohérence nos actions".
"Je propose que les institutions internationales, les Nations unies, l'OCDE, nous appuient dans la mise en place de ce mécanisme sur lequel le G7 devra être moteur", a-t-il dit. "Pour gagner contre les inégalités, nous devons changer de méthode, revoir nos règles, en matière commerciale comme en matière sociale".
(Marine Pennetier à Paris, édité par Yves Clarisse)