PARIS (Reuters) - Abdelkader Merah, frère du tueur de militaires et d'enfants juifs de Toulouse et Montauban Mohamed Merah, a été condamné jeudi à 20 ans de prison, dont il devra purger au moins les deux tiers, par la cour d'assises spéciale devant laquelle il comparaissait depuis le 2 octobre.
Cet ex-caïd de quartier franco-algérien de 35 ans, converti depuis 2006 à un islam radical, soupçonné d'avoir été le mentor de son cadet, était jugé pour participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle et complicité d'assassinats.
La cour a retenu l'association de malfaiteurs terroriste criminelle mais pas la complicité d'assassinats qui aurait pu lui valoir la perpétuité.
Mohamed Merah a été tué le 22 mars 2012 dans l'assaut de l'appartement où il s'était retranché après avoir abattu trois militaires, trois écoliers de l'école juive Ozar Hatorah de Toulouse et le père de deux d'entre eux, les 11, 15 et 19 mars.
Ces assassinats revendiqués par les "Soldats du Califat", groupe affilié à Al Qaïda avec lequel il avait pris contact au Pakistan, ont bouleversé la perception du terrorisme islamiste, qui a fait plus de 240 morts en France depuis janvier 2015.
L'avocate générale Naïma Rudloff avait requis lundi à l'encontre d'Abdelkader Merah la détention à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, à l'issue de quatre semaines d'audiences tendues et ponctuées d'incidents.
Ses avocats s'étaient, eux, efforcés mardi de démontrer que l'accusation n'avait apporté ni la preuve de la complicité de leur client avec l'équipée meurtrière de son frère, ni celle de sa participation à une association de malfaiteurs. Ils avaient demandé son acquittement.
"Je dis et redis que je n'ai rien à voir avec les assassinats commis par mon frère", s'était borné à déclarer Abdelkader Merah jeudi matin à la cour, avant que les magistrats professionnels qui la composent se retirent pour délibérer.
Contrastant avec l'absence apparente d'émotion manifestée par Abdelkader Merah, le deuxième prévenu avait pour sa part demandé le pardon des familles de victimes.
"Je suis désolé de ce que j'ai pu faire (...) A aucun moment j'ai pu penser que Mohamed allait commettre de telles atrocités et je m'en voudrai jusqu'à la fin de mes jours", a-t-il dit.
La cour l'a condamné à 14 ans de prison, avec une pédiode de sûreté des deux tiers.
Né en Algérie il y a 35 ans, ce délinquant multirécidiviste de la cité toulousaine des Izards, où il a cotoyé Mohamed Merah, lui avait fourni un pistolet mitrailleur Uzi, une arme utilisée dans l'attaque de l'école Ozar Hatorah, et un gilet pare-balle.
L'avocate générale, tout en reconnaissant qu'il était avant tout un voyou "opportuniste" sans affinité avec l'islam radical, avait estimé qu'il ne pouvait pas méconnaître la dangerosité de Mohamed Merah et requis à son encontre 20 ans de prison.
Ses avocats avaient dénoncé une volonté d'infliger une sanction "pour l'exemple" sous la pression de l'opinion publique et de la douleur des familles des victimes, très présentes tout au long du procès. Ils avaient demandé une "peine juste".
Abdelkader Merah est en détention provisoire depuis le 25 mars 2012 et Fettah Malki depuis le 1er juin 2013.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)