PARIS (Reuters) - La commissaire de police responsable de la sécurité du Premier ministre, Edouard Philippe, mise en cause pour ses relations avec l'ancien chargé de mission de l'Elysée Alexandre Benalla, a démissionné, ont annoncé jeudi les services de l'Hôtel Matignon.
De son côté, le parquet national financier (PNF) a confirmé l'ouverture d'une enquête pour corruption sur un contrat de sécurité signé avec l'oligarque russe Iskander Makhmudov, dans lequel serait notamment impliqué son compagnon - une information révélée par le site internet Mediapart.
Le directeur de cabinet d'Edouard Philippe, Benoît Ribadeau-Dumas, avait informé le 1er février le procureur de Paris, Rémi Heitz, d'informations venant de journalistes sur les relations entre Alexandre Benalla, la commissaire Marie-Elodie Poitout et son compagnon, Chokri Wakrim.
Selon ces informations, Alexandre Benalla et un autre protagoniste de l'affaire qui porte son nom, Vincent Crase, s'étaient rencontrés le 26 juillet au domicile de la policière, en violation de leur contrôle judiciaire.
Dans son courrier au procureur, Benoît Ribadeau-Dumas indique notamment que la cheffe du groupe de sécurité du Premier ministre (GSPM) a reconnu avoir reçu l'ancien chargé de mission de l'Elysée chez elle mais pas Vincent Crase.
"Le Premier ministre a reçu aujourd’hui la cheffe du GSPM", a fait savoir Matignon. "Elle a maintenu l’intégralité des propos qu’elle a tenus depuis la semaine dernière (...) démentant notamment être d’une quelconque façon liée à une rencontre entre MM. Benalla et Crase fin juillet."
"Toutefois, consciente de la sensibilité de sa fonction et soucieuse d’écarter toute polémique, (elle) a demandé au Premier ministre d’être affectée sur une autre mission au sein du ministère de l’Intérieur", a ajouté Matignon.
Edouard Philippe "respecte cette décision" et l'a acceptée, tout en saluant "le très grand professionnalisme" de la policière, précise-t-on de même source.
Selon Mediapart et Libération, Chokri Wakrim, un ancien membre des services spéciaux, et Alexandre Benalla seraient impliqués dans la conclusion d'un contrat de sécurité avec Iskander Makhmudov, alors même que le second travaillait encore auprès du chef de l'Etat, Emmanuel Macron.
Alexandre Benalla a été licencié de l'Elysée en juillet dernier après la diffusion d'enregistrements le montrant, casqué, en train de malmener des manifestants le 1er mai.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)