par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - Schneider Electric (PA:SCHN) et Nexans (PA:NEXS), deux spécialistes français des équipements électriques, ont déclaré jeudi voir d'importantes opportunités de croissance aux Etats-Unis grâce aux nouveaux usages induits par la transition énergétique.
Loin d'être échaudé par la perspective d'un ralentissement de l'économie américaine ou par la position conservatrice du nouveau président américain Donald Trump en matière de politique énergétique, Schneider a annoncé l'acquisition pour 1,07 milliard d'euros en cash du leader nord-américain des Commutateurs de transfert automatique (CTA), Asco Power.
Ces équipements électriques transfèrent automatiquement l'approvisionnement des bâtiments critiques vers une source de secours en cas de coupure de courant.
"Le marché des CTA présente des opportunités attractives de croissance sur le long terme car de plus en plus de clients tertiaires et industriels optent pour une alimentation électrique multi-sources ou autonome", a expliqué le spécialiste des équipements basse et moyenne tension dans un communiqué.
"Cette tendance est portée par la décentralisation croissante de la production électrique, que Schneider Electric a placée au coeur de sa stratégie."
Cette opération, qui doit être finalisée d'ici la fin de l'année, doit permettre à Schneider de devenir leader mondial des CTA, un rang qu'il occupe déjà en Chine.
Elle renforcera aussi le coeur de métier de Schneider dans la basse tension pour le bâtiment, qui pèse déjà 43% de son chiffre d'affaires. Parallèlement, le groupe a annoncé une revue stratégique pour une partie de son activité infrastructures moyenne tension, où il a engagé un plan de redressement. La partie concernée par la revue, constituée principalement d'équipements et de projets, réalise deux milliards d'euros de chiffre d'affaires et emploie plusieurs milliers de personnes.
"On lui donne plus d'autonomie pour lui permettre d'avoir un autre business model (...) dans le même temps, on va continuer à explorer toutes les options pour s'assurer de la poursuite du redressement et du succès de cette activité", a déclaré à Reuters Emmanuel Babeau, directeur financier de Schneider.
Prié de dire si le groupe préparait la cession de tout ou partie de cette entité, il a répondu: "Tout est ouvert, il n'y a pas une option plutôt qu'une autre."
LE MIX ÉNERGÉTIQUE ÉVOLUE
Grâce à une croissance solide dans la basse tension et les automatismes industriels, Schneider a publié des résultats semestriels en hausse et relevé ses objectifs annuels. A 10h07, le titre signe la plus forte hausse du CAC 40 à la Bourse de Paris, gagnant 5,02% à 69,42 euros.
Le spécialiste des câbles électriques Nexans, qui gagne pour sa part 0,23% à 52,11 euros après l'annonce d'une marge opérationnelle globalement stable à 6%, voit lui aussi des opportunités de croissance sur le marché américain de l'électricité.
"La notion de transition énergétique, même aux Etats-Unis, même avec M. Trump, commence à progresser", a déclaré à Reuters Nicolas Badré, directeur financier de Nexans. "On voit progressivement que le mix énergétique évolue, et en parallèle à la production, il y a aussi une évolution du réseau de transmission et de distribution."
La capacité en électricité éolienne off-shore aux Etats-Unis devrait ainsi grimper à 4,7 gigawatts d'ici 2027, selon une présentation de Nexans aux analystes, entraînant d'importants besoins en infrastructures pour connecter zones de production et de consommation.
Le groupe prévoit ainsi d'étendre au cours des prochaines années son usine de haute tension terrestre de Goose Creek, aux Etats-Unis, pour créer le premier hub de câbles sous-marins d'Amérique du Nord.
"Ce marché, qui était très européen, commence progressivement à devenir plus mondial", a-t-il ajouté.
Au premier semestre, la demande en câbles sous-marins et en câbles industriels liés à la transition entre les sources d'énergie fossiles et des sources plus renouvelables a permis à Nexans de compenser un secteur du pétrole et du gaz toujours en crise, où ses activités ont chuté de 39,9%.
(Edité par Jean-Michel Bélot)