PARIS (Reuters) - Correction du fait que 13 et non 12 fabricants sont concernés.
L'Autorité de la concurrence a infligé jeudi pour 951,1 millions d'euros d'amendes au total à 13 fabricants de produits d'hygiène et d'entretien, parmi lesquels L'Oréal, Unilever, Henkel ou encore Reckitt Bensicker, pour avoir coordonné leur politique commerciale auprès de la grande distribution et s'être concertés sur les hausses de prix en France entre 2003 et 2006.
Ces deux ententes, l'une sur le marché des produits d'hygiène, l'autre sur celui des produits d'entretien, sont sanctionnées par des amendes d'un total de 605,9 millions d'euros et 345,2 millions d'euros respectivement, et sont parmi les plus importantes prononcées à ce jour par l'Autorité de la concurrence.
"Les ententes sanctionnées sont d'une particulière gravité, eu égard non seulement à leur caractère secret mais aussi à leur nature même: elles permettaient à des entreprises concurrentes de se coordonner sur les principaux paramètres de la négociation commerciale et en particulier sur les évolutions tarifaires", explique notamment l'Autorité dans un communiqué.
Elle "a aussi relevé que ces ententes avaient causé un dommage à l'économie, compte tenu notamment de leur ampleur nationale, des caractéristiques des marchés en cause, comptant un petit nombre d'acteurs offrant des produits parfois 'incontournables' et des effets qu'elles ont engendrés in fine sur les consommateurs".
L'Oréal, qui écope de la sanction la plus lourde -189,494 millions d'euros, a fait savoir qu'il réfutait toute accusation d'entente avec ses concurrents et ferait appel de cette décision, regrettant notamment "que l'Autorité de la Concurrence n'ait pas tenu compte du caractère hautement concurrentiel du marché français des produits d'hygiène (...)".
DES CERCLES 'AMIS'
Unilever, dont l'amende atteint au total 172,544 millions d'euros, s'est engagé à ne pas contester les faits. Pour autant, le groupe anglo-néerlandais a dit son intention de faire appel du montant de sa sanction, "étant donné le niveau comparativement limité de son implication".
Un porte-parole de l'allemand Henkel, condamné à 109 millions d'euros, a indiqué que la décision de l'antitrust français serait examinée avec attention.
Les autres entreprises concernées sont Colgate-Palmolive, Procter & Gamble et sa filiale Gillette, Reckitt Benckiser, Sara Lee, Laboratoires Vendôme (groupe Johnson & Johnson), Beiersdorf, Vania (société SCA Tissue), SC Johnson et Bolton Solitaire.
"La concertation avait lieu au sein de plusieurs cercles dénommés 'Team' ou encore 'Amis' qui rassemblaient les directeurs commerciaux ou les responsables des ventes des fabricants (...)", précise l'Autorité dans son communiqué.
"(...) Les échanges avaient lieu avant la négociation avec les distributeurs, chaque fournisseur annonçant aux autres ses intentions de hausse de tarifs et de rémunération des services de coopération commerciale."
Ces ententes ont été portées à la connaissance de la Concurrence par SC Johnson, Colgate-Palmolive et Henkel qui ont sollicité à tour de rôle le bénéfice de la clémence. SC Johnson a bénéficié de l'immunité totale à ce titre.
Unilever, Johnson & Johnson, Henkel, Reckitt Benckiser, Colgate-Palmolive, Procter & Gamble et Beiersdorf se sont engagés à ne pas contester les faits et ont bénéficié d'une réduction de leur sanction de 16% à 18%.
En Bourse, les titres des groupes européens impliqués ont affiché néanmoins en clôture des progressions allant jusqu'à environ 3% jeudi.
(Dominique Rodriguez, édité par Jean-Michel Bélot)