PARIS (Reuters) - Le Bundestag allemand et l'Assemblée nationale française ont adopté lundi une proposition de résolution parlementaire appelant à un nouveau traité de l'Elysée franco-allemand, comme Angela Merkel et Emmanuel Macron l'ont appelé de leurs voeux.
Cette proposition a été adoptée à l’occasion du 55e anniversaire de ce traité d'amitié et de coopération destiné à sceller la réconciliation entre les deux anciens ennemis, signé le 22 janvier 1963 entre le président Charles de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer.
Leurs lointains successeurs ont annoncé dimanche qu'il serait révisé "cette année" avec l'ambition de définir des positions communes sur les questions européennes et internationales majeures.
Cette déclaration commune survient sur fond de dissipation de l'incertitude politique en Allemagne où Angela Merkel, sortie fragilisée des élections législatives de septembre, tente de mettre sur pied une nouvelle "grande coalition" gouvernementale avec les sociaux démocrates du SPD.
La chancelière et Emmanuel Macron sont notamment convenus ces derniers mois de parvenir à une position commune sur la question de la zone euro d'ici le mois de mars avant de formuler des propositions communes en juin.
Les députés français et allemands, dans leur proposition de résolution votée lundi, veulent "manifester leur engagement pour une réaffirmation et un approfondissement" du traité actuel.
Ils s'engagent également "à développer davantage la bonne collaboration" entre les deux assemblées et préconisent un "renforcement de la coopération bilatérale" à travers la mise en oeuvre "à brève échéance de projets concrets".
LA FRANCE ET L'ALLEMAGNE, UNE FAMILLE
Ils proposent 26 points qu'ils souhaitent voir figurer dans le nouveau traité, qui vont de l'économie à la coopération transfrontalière à la jeunesse, en passant par une coopération plus étroite en matière de politique étrangère et de défense.
La proposition de résolution avait été adoptée dans la matinée à Berlin par le Bundestag en présence d’une délégation française menée par François de Rugy (LaREM), président de l’Assemblée, qui a pris la parole devant les députés allemands.
"La France et l'Allemagne ne forment plus simplement un couple, nos deux pays forment une famille et pour l'exercice parlementaire conjoint auquel nous nous livrons c'est aussi cela que nous signifions", a-t-il déclaré.
Les députés français l'ont adoptée à leur tour dans l'après-midi en présence d'une délégation allemande conduite par Wolfgang Schäuble (CDU), le président du Bundestag, qui lui aussi s'est exprimé dans l'hémicycle devant les élus français.
S'exprimant en français, le président du Bundestag a estimé que "ni l'Allemagne, ni la France n'ont de futur sans l'Europe".
La proposition de résolution n'a toutefois pas été votée à l'unanimité à l'Assemblée. Les groupes de La France Insoumise (LFI) et de la Gauche républicaine et démocrate(GDR, PC), tous deux eurosceptiques, ont voté contre.
"Derrière le discours sur le renouveau du traité, c'est le dogmatisme néolibéral qui prévaut", a déclaré André Chassaigne (PC) président du groupe GDR, pour expliquer son vote.
Eric Coquerel, député du groupe LFI, a annoncé son intention de déposer un recours auprès du Conseil constitutionnel, ce qui nécessitera soixante signatures de députés. Le groupe LFI compte dix-sept élus, celui de la GDR seize.
"Il y a une accélération d'un processus qui a échoué", a déclaré Marine le Pen en marge d'une conférence de presse. "L'Allemagne est sous domination américaine et l'Allemagne souhaite mettre l'intégralité des pays d'Europe sous sa propre domination. Ce traité ne correspond pas à nos intérêts vitaux."
(Emile Picy, avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)