WASHINGTON (Reuters) - Barack Obama a annoncé mercredi que les Etats-Unis allaient prendre des mesures historiques pour normaliser leurs relations diplomatiques avec Cuba et tourner la "page d'une vision dépassée" de leur politique à l'égard du gouvernement de La Havane.
S'exprimant depuis la Maison blanche, le président américain a reconnu que la stratégie "rigide" menée par Washington à l'égard de Cuba ces dernières décennies avait eu peu d'impact.
Barack Obama a indiqué avoir demandé au secrétaire d'Etat John Kerry d'engager immédiatement des discussions avec Cuba sur le rétablissement des relations diplomatiques, qui ont été interrompues en janvier 1961.
"Dans les prochains mois, nous rétablirons une ambassade à La Havane et mènerons des échanges et visites à haut niveau entre nos deux gouvernements dans le cadre d'un processus de normalisation", précisé un communiqué de la Maison blanche.
Le texte diffusé au moment de l'allocution présidentielle reconnaît qu'il "est clair que des décennies d'isolement imposé à Cuba par les Etats-Unis n'ont pas réussi à atteindre l'objectif durable visant à favoriser l'émergence d'un Cuba démocratique, prospère et stable".
Dans son intervention Barack Obama ajoute qu'il va évoquer avec les membres du Congrès américain la levée de l'embargo en vigueur contre l'île.
L'allocution télévisée de Barack Obama intervient quelques heures après la libération de l'Américain Alan Gross, lequel a passé cinq ans en prison à Cuba après avoir été condamné pour espionnage en 2009.
Alan Gross a regagné les Etats-Unis et atterri à la base aérienne d'Andrews, près de Washington, où il a rencontré John Kerry peu après son arrivée.
S'exprimant devant la presse, Alan Gross a remercié le président Obama et déclaré que les deux pays se devaient de surmonter leurs "politiques belliqueuses".
CARACAS ET LE VATICAN FÉLICITENT OBAMA
Le président américain a précisé que le Canada avait joué un rôle décisif dans ce changement de stratégie en abritant les discussions entre les deux pays.
Le président cubain, Raul Castro, qui s'exprimait au même moment a également salué le soutien apporté par les autorités canadiennes ainsi que par le Vatican dans ce rapprochement.
Trois agents des services de renseignement cubains qui étaient détenus aux Etats-Unis depuis 1998 ont été libérés et sont rentrés dans leur pays dans le cadre d'un échange de prisonniers, a ajouté Raul Castro.
Un porte-parole de la Maison blanche a déclaré que le président américain souhaitait que l'embargo commercial qui vise Cuba soit levé avant la fin de son mandat en 2017 et qu'il n'était pas exclu qu'il se rende sur l'île une fois que les relations diplomatiques entre Washington et La Havane auront été restaurées.
Le pape François a salué les déclarations faites par les deux dirigeants et a promis que le Saint-Siège continuerait à soutenir un renforcement de leurs relations bilatérales.
"Le Saint-Père souhaite féliciter chaudement la décision historique prise par les gouvernements des Etats-Unis d'Amérique et de Cuba de rétablir leurs relations diplomatiques afin de surmonter, dans l'intérêt des citoyens des deux pays, les difficultés qui ont marqué leur histoire récente", dit le communiqué.
Le Venezuela, qui entretient des relations tendues avec les Etats-Unis et qui manifeste régulièrement son soutien à Cuba, a salué par la voix de son président Nicolas Maduro le geste courageux de Barack Obama.
"Il faut saluer le geste de Barack Obama, un geste courageux et nécessaire", a-t-il dit à Parana, une ville d'Argentine où se tient un sommet du Mercosur.
Aux Etats-Unis, en revanche, la volonté de normaliser les relations américano-cubaines se heurte à l'opposition de plusieurs responsables républicains, dont leur chef de file à la Maison blanche, John Boehner, qui a qualifié de "stupide" la proposition de Barack Obama.
(Eric Faye, Pierre Sérisier et Nicolas Delame pour le service français)