PARIS (Reuters) - Le ministère de la Justice s'efforçait mercredi soir de débloquer le conflit qui dure depuis dix jours dans les prisons françaises en organisant une série de réunions avec les syndicats, a-t-on appris de source syndicale et auprès du cabinet de Nicole Belloubet.
Les principaux syndicats des personnels pénitentiaires - Ufap-Unsa, Force ouvrière et CGT - devaient être reçus tour à tour dans la soirée afin de préparer une réunion multilatérale jeudi matin, a-t-on appris de source syndicale.
Un responsable de la CGT, qui devait être reçu vers 23h00, a émis le souhait que la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, assiste aux débats.
"Si la ministre n'est pas là, on prendra cela comme un affront", a-t-il déclaré à Reuters.
Le gouvernement a renouvelé mercredi sa confiance en la ministre de la Justice, dont les propositions n'avaient jusqu'ici pas convaincu les organisations représentatives, rapidement parties de la table des négociations mardi.
La CGT pénitentiaire a par ailleurs demandé la nomination d'un médiateur à même de trouver une issue à ce mouvement qui a démarré après l'agression de trois surveillants dans une prison du Pas-de-Calais et s'est immédiatement propagé à tout le pays.
"A ce stade les discussions sont conduites par la garde des Sceaux", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, à l'issue du conseil des ministres.
"Il y a des efforts significatifs qui ont été d'ores et déjà réalisés, elle continuera à mener ce travail de dialogue avec les organisations syndicales", dit-on en outre à l'Elysée.
De même source, on ajoute qu'Emmanuel Macron est "en lien permanent" avec Nicole Belloubet et elle-même a déclaré, lors d'une séance de questions à l'Assemblée, qu'elle travaillait en collaboration avec le Premier ministre, Edouard Philippe.
"Ma porte reste ouverte", a-t-elle également déclaré devant les députés.
UN TEST POUR BELLOUBET
Le mouvement constitue un test pour cette juriste sans expérience politique de premier plan, qui se trouve soudain placée en première ligne.
"A avoir fait trop de politique sur ces sujets-là depuis 30 ans, on a la situation dans laquelle nous sommes arrivés aujourd'hui et il est heureux d'avoir des ministres qui maîtrisent techniquement des dossiers", selon Benjamin Griveaux.
Le directeur de l'administration pénitentiaire, Stéphane Bredin, a envoyé mercredi un courrier à tous les établissements pour demander des sanctions contre les surveillants mobilisés.
"Le droit de grève qui est exercé n'est pas statutaire et met en danger les personnels non-grévistes", justifie-t-on à l'administration pénitentiaire.
Les syndicats réclament de meilleures conditions de travail, en particulier en matière de sécurité. Le ministère s'est notamment engagé à verser 30 millions d'euros sous forme de primes et d'indemnités et à créer 1.100 postes supplémentaires.
Selon l'administration, 134 établissements pénitentiaires sur 188, soient environ les deux-tiers, étaient perturbés mercredi à des degrés divers.
(Service France, édité par Elizabeth Pineau)