PARIS (Reuters) - La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a estimé dimanche que les écoles devaient rester d'abord des "lieux de savoir", à deux jours de la présentation en conseil des ministres des pistes du gouvernement pour renforcer la sécurité des établissements scolaires.
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a dit vendredi ne pas exclure la présence physique de forces de l'ordre dans les établissements, notamment des quartiers sensibles, après l'agression d'une enseignante par un lycéen de Créteil qui a relancé la question de la sécurité dans l'enceinte des lycées.
"L'école, ça n'est pas une maison de redressement. L'école c'est un lieu où le savoir doit primer", a déclaré dimanche la garde des Sceaux au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.
"Il est indispensable de concevoir l'école uniquement comme un lieu de savoir. Il est essentiel que les chefs d'établissement puissent avoir accès rapidement aux forces de l'ordre si c'est nécessaire", a-t-elle résumé.
Interrogée sur la possibilité d'une présence permanente de policiers dans des établissements, elle s'est prononcée pour une approche au cas par cas, tout en réservant au conseil des ministres de mardi des annonces plus précises.
"Ce n'est qu'en cas de besoin qu'il peut y avoir des forces de l'ordre", a-t-elle estimé.
"Il n'est pas exclu que dans certains quartiers, certaines zones, si les chefs d'établissement en font la demande, il puisse y avoir un référent police qui - peut-être - facilite le lien entre l'école et les forces de l'ordre".
A l'initiative de Luc Chatel et de Brice Hortefeux, ministres de l'Education nationale et de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy, les policiers référents avaient fait leur apparition dans une poignée de lycées en 2010, sans susciter de forte demande des chefs d'établissement.
STRUCTURES "SOLIDES" POUR LES EXCLUS
Outre une éventuelle présence policière, le gouvernement devrait dévoiler mardi d'autres mesures en matière de sécurité dans les écoles, comme la facilitation des conseils de discipline et la création de "structures dédiées solides" pour les élèves exclus, selon les termes de Jean-Michel Blanquer.
Le ministre de l'Education nationale a ainsi défendu le projet de développer le modèle des Établissements publics d'insertion de la Défense (EPIDE) - accueillant des jeunes de 18 à 25 ans sur la base du volontariat dans un cadre d'"inspiration militaire" - et de les ouvrir aux 13-18ans.
"Demain, on peut imaginer que, pour les 13-18 ans, on ait quelque chose qui soit obligatoire pour les élèves qui font l'objet de sanctions", a-t-il dit samedi sur Europe 1, défendant notamment le rôle dans ces centres de "jeunes retraités de l'armée qui sont tout à fait pertinents pour ce genre de structures".
Sur le plan judiciaire, Nicole Belloubet avait annoncé fin septembre la création de 20 nouveaux centres éducatifs fermés (CEF), une alternative à l'incarcération des mineurs multirécidivistes, permettant une scolarité.
Enfin, à l'heure où la droite sénatoriale souhaite réformer l'ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs, pour l'amender notamment dans le sens d'une plus grande sévérité, Nicole Belloubet s'est dite ouverte à un débat après l'adoption de la réforme de la justice, entérinée mardi par les sénateurs et examinée en novembre à l'Assemblée.
"C'est un débat extrêmement sensible. Des parlementaires le portent actuellement. Si nous sommes sollicités, je crois que ce pourrait être un chantier que nous reverrions avec intérêt", a-t-elle déclaré.
(Julie Carriat, édité par Jean-Philippe Lefief)