PARIS (Reuters) - Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a admis mercredi que les services du Premier ministre avaient transmis au parquet de Paris des "informations" recueillies auprès de journalistes sur un volet secondaire de l'affaire Benalla, du nom de l'ancien homme de confiance d'Emmanuel Macron.
Selon Mediapart, ces informations auraient déclenché l'enquête ouverte par le parquet après la diffusion par le site d'information d'enregistrements de conversations qu'Alexandre Benalla et un autre protagoniste de ce dossier, Vincent Crase, ont eues en violation de leur contrôle judiciaire.
Alexandre Benalla a été licencié l'été dernier de l'Elysée à la suite de révélations sur des violences commises, avec Vincent Crase, comme lui mis en examen, sur des manifestants le 1er mai 2018. L'affaire qui porte désormais son nom ne cesse depuis lors de connaître des rebondissements.
Dans les enregistrements d'extraits de conversations diffusés par Mediapart, il se targue notamment, le 26 juillet, donc après son licenciement, d'avoir toujours le soutien du chef de l'Etat, Emmanuel Macron.
Après la diffusion de ces extraits, le parquet a ouvert une enquête préliminaire pour "détention illicite d'appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d'interception de télécommunications ou de conversations et d'atteinte à la vie privée".
Selon une source judiciaire, le parquet avait été "rendu destinataire d'éléments" justifiant cette enquête.
Interrogé à ce sujet lors du compte rendu du Conseil des ministres, Benjamin Griveaux a admis que Matignon avait vérifié, en réponse à des questions de journalistes, qu'Alexandre Benalla et Vincent Crase n'avaient pas été l'objet d'écoutes administratives "pendant la période des faits".
"Les services du Premier ministre ont évidemment transmis l’ensemble de ces informations au procureur de Paris, qui est chargé de l’enquête", a ajouté Benjamin Griveaux.
UNE POLICIÈRE INTERROGÉE
Le porte-parole a précisé qu'il ne s'agissait aucunement d'un signalement ou d'une dénonciation sur la base de l'article 40 du code de procédure pénale, qui impose à tout officier public ou fonctionnaire ayant connaissance d'un crime dans l'exercice de ses fonctions de le signaler au procureur.
"Il s’agit simplement de partager en toute transparence avec la justice des éléments de réponses qui avaient été transmis à la presse et qui sont susceptibles de concerner une affaire judiciaire en cours", a-t-il expliqué.
Des éléments de langage calqués mot pour mot sur la réponse des services du Premier ministre aux questions de Mediapart, qui a accusé Matignon d'avoir déclenché cette enquête.
Une accusation rejetée par le porte-parole du gouvernement : "En France, l’autorité judiciaire agit de manière indépendante."
C'est dans le cadre de l'enquête préliminaire et pour saisir les enregistrements en question que deux magistrats du parquet et des enquêteurs ont tenté en vain une perquisition dans les locaux de Mediapart lundi. Le site d'information a ensuite annoncé avoir remis sept enregistrements à la justice.
C'est aussi dans le cadre de la même enquête que la commissaire de police responsable du service de sécurité du Premier ministre, Edouard Philippe, a été entendue mardi à la brigade criminelle, dit-on de source policière.
Selon Le Parisien, la commissaire de police a contesté lors de son audition avoir réalisé les enregistrements mais reconnu avoir reçu Alexandre Benalla à son domicile pour lui témoigner son soutien.
(Emmanuel Jarry et Jean-Baptiste Vey, avec Service France, édité par Yves Clarisse)