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Le scandale Volkswagen pousse Berlin à tester tous les modèles

Publié le 04/11/2015 21:57
© Reuters. BERLIN DURCIT LE TON VIS-À-VIS DE VOLKSWAGEN APRÈS DE NOUVELLES INFORMATIONS
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par Andreas Cremer et Caroline Copley

BERLIN (Reuters) - Le gouvernement allemand a annoncé mercredi que tous les modèles de voitures Volkswagen (DE:VOWG) seraient testés pour évaluer leurs niveaux réels d'émissions polluantes, au lendemain de la révélation d'un nouveau volet du scandale qui ébranle le premier constructeur européen.

Berlin a clairement haussé le ton, exigeant du groupe automobile des explications et des mesures pour éviter de voir se répéter les erreurs passées.

Le ministre des Transports, Alexander Dobrindt, a déclaré que les dernières informations en date avaient suscité de "l'irritation" dans son ministère.

Il a annoncé que tous les modèles actuels vendus en Allemagne sous les marques VW, Audi, Skoda et Seat, équipés de moteurs diesel ou essence, seraient testés pour évaluer leurs émissions de dioxyde de carbone (CO2) et d'azote (NO2).

Le premier constructeur d'Europe a reconnu mardi qu'il avait sous-estimé les émissions de CO2 de certains modèles vendus en Europe, et donc leur consommation de carburant. L'erreur est susceptible de concerner jusqu'à 800.000 véhicules.

Cette révélation ajoute une nouvelle dimension à la crise qu'ont fait éclater mi-septembre les accusations de trucage des tests anti-pollution portées par les autorités américaines. Et pour les analystes financiers, elle menace de peser sur les ventes de voitures de Volkswagen puisque le coût d'usage des modèles concernés risque de se révéler bien supérieur à celui affiché aujourd'hui.

MOODY'S DÉGRADE LA NOTE DE VOLKSWAGEN

A la Bourse de Francfort, l'action VW a perdu mercredi 9,50% à 100,45 euros, une baisse qui équivaut à une diminution de plus de trois milliards d'euros de la capitalisation totale du groupe. L'agence de notation Moody's a par ailleurs dégradé la note de crédit du constructeur, de "A2" à "A3", avec perspective négative.

Sur le plan politique, les annonces de mardi ont suscité de la part du gouvernement certains de ses commentaires les plus durs à ce jour sur le dossier.

Berlin a jusqu'à présent adopté une attitude prudente sur le scandale, qui concerne un secteur clé de l'économie allemande avec plus de 750.000 salariés.

Un porte-parole de la chancelière Angela Merkel a appelé Volkswagen à prendre des mesures pour éviter que les erreurs commises se répètent. "VW a le devoir de mettre cela au clair, de manière transparente et exhaustive", a-t-il ajouté. "Il est important (pour VW) de mettre en place les structures permettant d'éviter de nouveaux cas similaires."

VW a expliqué que la plupart des véhicules concernés par les erreurs de mesure des émissions de CO2 étaient équipés de moteurs diesel, parmi lesquels se trouvent des Golf, le modèle le plus vendu du groupe, des Audi A3 et des Skoda Octavia. Mais certains modèles essence sont également touchés, comme la Polo et l'Audi A1.

"NOUVEAU CHOC"

"A chaque nouvelle semaine, un nouveau choc dans le dossier VW", a commenté Stuart Pearson (L:PSON), analyste d'Exane BNP Paribas (PA:BNPP), dans une note. "Nous augmentons de quatre milliards d'euros supplémentaires le coût des rappels et craignons un impact commercial plus violent." L'intermédiaire conserve une recommandation "neutre" sur Volkswagen.

L'aveu du groupe mardi intervient après l'annonce par l'autorité fédérale américaine de protection de l'environnement d'un défaut d'information de Volkswagen sur la présence du logiciel de trucage des tests d'émission sur des moteurs diesel de 3,0 litres, montés sur des modèles haut-de-gamme de Porsche et Audi.

Le constructeur a dit mercredi avoir demandé à ses concessionnaires aux Etats-Unis et au Canada de stopper la vente de modèles récents équipés du moteur en question, le 3,0 litres V6 TDI.

Les derniers développements de l'affaire risquent de relancer les critiques déjà exprimées en septembre sur le choix de Matthias Müller pour la présidence du directoire de Volkswagen après la démission de Martin Winterkorn.

Certains analystes et investisseurs avaient alors estimé que l'ancien patron de Porsche, qui a fait l'essentiel de sa carrière dans le groupe, n'était peut-être pas le mieux placé pour piloter la réorganisation nécessaire de l'entreprise.

"Vu de l'extérieur et, soyons-en sûrs, pour la majorité des salariés de Volkswagen, la gravité et l'étendue de la tricherie découverte à ce jour vont au-delà de ce qu'on pouvait imaginer", a commenté Arndt Ellinghorst, du cabinet de conseil spécialisé Evercore ISI.

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Le scandale a pour l'instant eu très peu d'impact sur les chiffres de ventes de Volkswagen même si le groupe est le seul constructeur allemand à avoir vu ses immatriculations de voitures neuves baisser en Allemagne le mois dernier.

(avec Georgina Prodhan, Jan Schwartz, Jörn Poltz, Irene Preisinger, Gernot Heller et Paul Lienert, Marc Angrand et Patrick Vignal pour le service français)

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