par Pierre Savary
CALAIS, Pas-de-Calais (Reuters) - Bernard Cazeneuve a annoncé mercredi à Calais un renfort de 460 gendarmes et CRS pour faire face à l'augmentation du nombre de migrants, plus de 6.000 étant entassés dans un bidonville à la sortie de la ville dans l'espoir de passer en Grande-Bretagne.
Ces renforts devraient en grande partie être affectés à la surveillance et à la sécurisation du site d'Eurotunnel, a précisé le ministre de l'Intérieur en conférence de presse.
"Nous devons et nous allons renforcer la présence des forces de l'ordre à Calais. Nous allons le faire de manière importante", a-t-il déclaré. Actuellement, environ 650 gendarmes et CRS sont déployés à Calais et ses alentours.
Bernard Cazeneuve s'est rendu à Calais au lendemain de l'appel de 800 artistes et intellectuels "à sortir la jungle de Calais de l'indignité", qui avait recueilli mercredi soir plus de 11.000 soutiens.
Les signataires dénoncent le désengagement de l'Etat, l'invitant à offrir de meilleures conditions de vie aux migrants bloqués à Calais, et l'accusent et de se défausser sur les associations sans respecter les normes internationales.
Se défendant de toute inertie, Bernard Cazeneuve a annoncé que 400 places allaient être créées dans des tentes chauffées dans l'enceinte du centre Jules-Ferry, où peuvent dormir femmes et enfants.
UN CAMP DE 1.500 PLACES EN DECEMBRE
"L'installation de ces places supplémentaires pour les publics vulnérables doit débuter immédiatement. Une partie sera opérationnelle dimanche", a-t-il promis.
Aujourd'hui une centaine de femmes et enfants peuvent résider dans le centre Jules-Ferry, en bordure de la "jungle" et à côté du lieu de distribution de repas.
A terme, 400 personnes pourront y séjourner. "Nous souhaitons qu'il n'y ait pas une femme et un enfant sans abri à Calais", avait déclaré le ministre en sortant du Conseil des ministres mercredi matin.
La construction annoncée le 31 août dernier par le Premier ministre Manuel Valls d'un centre aux normes des camps de réfugiés dans le monde a aussi été précisée. Sa capacité sera, comme prévu, de 1.500 places, et il s'agira de tentes chauffées, installées sur un sol stabilisé.
Le début des travaux de terrassement est prévu au début du mois de novembre et la livraison devrait être effective en décembre.
Le ministre a également marqué sa volonté de créer trois centres de premier accueil sur le territoire français pour désengorger Calais.
Jean-François Corty, directeur des opérations France de Médecins du monde, a réagi positivement à l'annonce de ces mesures.
"Ces annonces vont dans le bon sens, mais il faut attendre pour voir ce qui va être mis en place, à quelle vitesse et comment la situation va évoluer et le dispositif s'adapter", a-t-il dit à Reuters.
Le nombre de migrants réfugiés dans la "jungle" a doublé en quelques semaines passant de 3.000 à environ 6.000, d'après la préfecture du Pas-de-Calais.
Non loin de Calais, à Grande Synthe, à proximité de Dunkerque, un autre camp de migrants vient aussi de voir sa population doubler. D'après le maire de la ville, 1.600 s'y entassent désormais.
(Avec Gérard Bon à Paris, édité par Grégory Blachier)