PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le président de la FNSEA, Xavier Beulin, ont appelé jeudi au calme sur la zone de Sivens (Tarn) où la tension est très vive entre les agriculteurs locaux et les opposants au projet de barrage.
Bernard Cazeneuve a également annoncé avoir demandé au préfet du Tarn d'interdire les manifestations prévues vendredi à Albi par les pro et anti-barrage.
Le ministre a invoqué lors des questions d'actualité au Sénat "les risques graves auxquels s'exposeraient les manifestants, pour leur intégrité physique" et le "climat de violence".
Le Premier ministre, Manuel Valls, a assuré de son côté qu'il faudrait "très vite évacuer les lieux", c'est-à-dire la zone de Sivens. "Il ne peut pas en être autrement", a-t-il dit lors d'une visite en Haute-Vienne.
Mercredi, les agriculteurs qui bloquaient depuis deux jours les principales entrées de la Zone à défendre (ZAD) de Sivens, occupée par une quarantaine de militants, ont pénétré sur le site et les deux camps s'accusent de débordements.
Les agriculteurs réclament l'expulsion des "zadistes".
A l'arrêt depuis octobre, le projet initial de barrage-réservoir a été enterré mi-janvier par la ministre de l'Écologie Ségolène Royal à la suite d'un rapport d'experts défavorable.
Mais l'assemblée départementale du Tarn, maître d'ouvrage du projet de barrage, débattra vendredi à Albi de l'alternative à la retenue initialement envisagée qui lui a été proposée par les experts du ministère, à savoir un réservoir plus modeste sur le site de Sivens ou un ensemble de trois retenues latérales ou collinaires (remplies par les eaux de surface).
Bernard Cazeneuve a appelé "solennellement à l'apaisement et à la responsabilité de chacun", face à une "situation d'extrême tension" à l'approche du vote de l'assemblée départementale.
"La France garde en mémoire les conséquences dramatiques des manifestations du mois d'octobre 2014, qui avaient conduit au décès tragique de Rémi Fraisse. Rien ne saurait justifier de nouveaux déferlements de violence susceptibles de conduire à de nouveaux drames", a-t-il ajouté lors des questions d'actualité au Sénat.
Rémi Fraisse, un jeune écologiste, a été tué le 26 octobre par une grenade des gendarmes sur le site du projet de barrage.
Xavier Beulin a souligné pour sa part que "ce n'est pas aux agriculteurs de faire évacuer la zone mais à la puissance publique de tout mettre en œuvre si la décision est positive demain".
"Je demande aux agriculteurs de faire confiance aux institutions", a ajouté le président de Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles sur son compte Twitter, jugeant que le climat est "très tendu".
(Gérard Bon, édité par Sophie Louet)