par David Lawder et Richard Cowan
WASHINGTON (Reuters) - John Boehner a été réélu mardi président de la Chambre des représentants en dépit d'une opposition de la frange la plus conservatrice du parti républicain, qui a pris le contrôle du Congrès après sa victoire aux élections de mi-mandat en novembre.
Boehner a été désigné pour un troisième mandat de deux ans à la tête de la chambre basse malgré la grogne d'une dizaine de représentants figurant parmi les plus à droite du Grand Old Party. Nancy Pelosi, qui occupa le poste, était la candidate du parti démocrate.
Ces élus reprochaient à leur chef de file, d'une part son manque de combativité à l'égard de l'administration Obama sur les questions de l'immigration et des politiques de santé et d'autre part des efforts insuffisants pour réduire les dépenses publiques.
"Le président Boehner a fait de son mieux et je le remercie pour ses services", écrivait le représentant Justin Amash sur sa page Facebook. "Mais il est temps pour les républicains de changer de dirigeant. Cet après-midi je voterai pour un nouveau président", ajoutait-il.
Ce premier défi pourrait préfigurer bien d'autres batailles cette année dans le camp républicain entre groupes rivaux.
L'opposition affichée face au "speaker" était peu ou prou de la même ampleur que celle que John Boehner avait dû affronter il y a deux ans sur la question d'une hausse de l'impôt des ménages les plus fortunés.
La différence était que le président sortant pouvait compter sur la plus large majorité qu'ait jamais eue le parti républicain à la Chambre des représentants depuis 1947.
Louie Gohmert, élu du Texas et membre du Tea Party, avait fait savoir qu'il se présentait contre Boehner mais aucun représentant disposant d'une réelle influence dans les rangs républicains n'a émergé. Boehner se présentait donc à sa succession sans véritable rival.
Un autre républicain Gleen Grotham, fraîchement élu dans le Wisconsin, avait annoncé qu'il soutiendrait le candidat sortant mais qu'il ferait tout pour infléchir sa politique vers la droite.
ATTITUDE CONCILIANTE
Les plus farouches opposants à John Boehner lui reprochaient la manière dont il a géré la question de l'adoption du volet dépenses du projet de budget en décembre, évitant un "shutdown" (fermeture) de certaines administrations fédérales.
Les mesures contenues dans un document de 1.600 pages et portant sur un montant de 1.100 milliards de dollars ont été négociées en secret, affirmaient-ils.
Pire, à leurs yeux, elles ont autorisé le déblocage de fonds pour des agences chargées de mettre en oeuvre le décret présidentiel pris par Barack Obama sur l'immigration qui régularise la situation de millions de personnes sans papiers.
La seule question en suspend est celle du financement du Département de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security) qui coordonne l'application des mesures sur l'immigration.
Certains envisageaient lundi soir de proposer un texte qui, dans sa formulation, empêcherait les employés du DHS de prendre les mesures nécessaires pour l'application du décret présidentiel.
Une telle initiative pourrait conduire à un veto de la Maison blanche afin de préserver le fonctionnement d'une agence fédérale qui s'est imposée après les attentats du 11 septembre 2001.
Dans ce bras de fer, le rôle de modérateur pourrait être assumé par le sénateur Mitch McConnell, chef de file de la majorité républicaine à la chambre haute, qui cherche à éviter tout blocage de l'administration cette année.
Le Sénat dispose d'une influence sur la Chambre des représentants dans la mesure où son approbation est nécessaire pour l'adoption des projets de loi.
Certains représentants, parmi les plus conservateurs, sont en outre conscients de la nécessité d'adopter une position plus conciliante à l'entame de deux années où la présidence et Capitol Hill seront aux mains de camps opposés.
Barack Obama a invité les dirigeants des deux partis dans les deux assemblées pour une réunion à la Maison blanche mardi prochain afin de parler de la réforme fiscale, de la modernisation des infrastructures et de la politique étrangère.
(Pierre Sérisier pour le service français)