LONDRES (Reuters) - Les rebelles eurosceptiques au sein du Parti conservateur ont annoncé mercredi qu'ils voteraient contre l'accord de Brexit que la Première ministre britannique Theresa May a décidé de soumettre une nouvelle fois au vote du Parlement dans la semaine du 3 juin.
La décision de soumettre encore le projet au Parlement de Westminster début juin a été prise mardi soir lors d'une rencontre entre Theresa May et le chef de file de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn. Les discussions entre les conservateurs et le Labour se poursuivent ce mercredi.
"Pour que le Labour soutienne le projet, il faudrait un accord (avec le gouvernement) et nous n'avons pas cet accord", a cependant tenu à indiquer mercredi le porte-parole du Parti travailliste.
Si l'accord mis au point avec Bruxelles est une nouvelle fois rejeté, celui-ci sera mort, a souligné pour sa part le ministre britannique du Brexit, Stephen Barclay.
"Je pense que si la Chambre des communes n'approuve pas le projet de loi sur l'accord de retrait, alors cet accord conclu avec (le négociateur européen Michel) Barnier sera mort dans sa forme actuelle", a-t-il dit.
Une majorité de membres de l'European Research Group (ERG), qui regroupe les députés eurosceptiques du Parti conservateur, voteront contre l'accord, a déclaré Owen Paterson, ancien ministre appartenant à l'ERG.
Il reproche à l'accord négocié par May avec l'UE d'obliger Londres à continuer de s'aligner sur les lois européennes et d'éloigner l'Irlande du Nord du reste du Royaume-Uni.
"Malheureusement, nous voterons à nouveau contre (...) car il est inacceptable que 27 pays nous imposent des lois pour lesquelles nous n'avons pas notre mot à dire", a-t-il dit à la BBC.
"Et ce qui est plus important encore, (...), c'est que l'accord risque d'aboutir à un démantèlement du Royaume-Uni en créant une nouvelle entité Royaume-Uni et Irlande, ce qui veut dire qu'on pourrait voir l'Ecosse suivre cet exemple, ce qui serait vraiment dangereux pour l'union (du royaume)."
"ABSURDE"
Le Brexit aurait dû avoir lieu le 29 mars dernier mais les députés de Westminster ont rejeté le texte par trois fois depuis janvier. La date de la sortie du Royaume-Uni de l'UE, d'abord repoussée au 12 avril, est maintenant prévue d'ici le 31 octobre.
"J'ai parlé à mes collègues, dont certains ont voté pour l'accord la dernière fois. Ils pensent aujourd'hui que cet accord est mort et ils voteront contre cette fois-ci", a dit le député tory Peter Bone, farouche partisan du Brexit.
"C'est absurde de présenter une nouvelle fois ce texte devant le Parlement. C'est toujours la même chose, encore et encore", a-t-il ajouté.
La majorité du gouvernement à la Chambre des communes dépend du soutien des élus nord-irlandais du Parti unioniste démocrate (DUP), inquiets des conséquences pour l'unité du Royaume-Uni du "backstop", le "filet de sécurité" envisagé afin d'empêcher le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande.
"Si Theresa May n'est pas en mesure de présenter quelque chose de neuf sur ce problème du backstop, il est fort probable que son projet d'accord sera une nouvelle fois rejeté", a dit Nigel Dodds, chef des élus du DUP à Westminster.
Theresa May s'est tournée en avril vers le Labour à la suite du troisième rejet par les députés de son accord de Brexit. Elle espère de cette façon sortir de l'impasse sur ce dossier au Parlement.
(Kylie MacLellan et Andrew MacAskill, avec Michael Holden, Guy Faulconbrudge et Elizabeth Piper; Eric Faye, Jean Terzian, Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel pour le service français)