PARIS (Reuters) - "Carlos", déjà condamné deux fois à perpétuité en France, a été renvoyé vendredi devant la cour d'assises spécialement composée pour l'attentat du drugstore Publicis du boulevard Saint-Germain à Paris il y a quarante ans, a-t-on appris mardi de source judiciaire.
Son avocate, Me Isabelle Coutant-Peyre, a indiqué à Reuters avoir fait appel mardi de l'ordonnance de mise en accusation de son client. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris devra statuer sur cet appel.
Le 15 septembre 1974, une grenade avait été lancée dans la galerie marchande du drugstore Publicis à Paris, faisant deux morts et 34 blessés.
Le Vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez, plus connu sous le nom de "Carlos", ancien ennemi public n°1 des années 1970 et 1980, est renvoyé aux assises pour assassinats et tentatives d'assassinats dans ce dossier, a indiqué son avocate, confirmant une information du Figaro et d'Europe 1.
"Cette ordonnance de mise en accusation est à mon sens un attentat contre la loi française", a-t-elle dit.
"Aucun des principes n'est respecté", a ajouté Me Isabelle Coutant-Peyre, estimant cette affaire prescrite, et dénonçant un "acharnement contre un responsable politique communiste et propalestinien".
Cette affaire a connu de multiples rebondissements judiciaires avec deux non-lieux prononcés en mars 1983 puis en janvier 1999. L'affaire avait été relancée fin 1999 par un pourvoi du procureur général et de l'association SOS Attentats.
"Carlos" nie toute implication et conteste avoir donné une interview publiée dans Al Watan puis Le Figaro Magazine en décembre 1979, dans laquelle il revendiquait la paternité de l'attentat.
Remis à la France par le Soudan en août 1994, "Carlos" a été condamné deux fois à perpétuité en France: en 1997 d'abord pour les assassinats de deux policiers français et leur informateur en 1975 à Paris, puis en 2011 (une peine confirmée en juin 2013) pour sa complicité dans quatre attentats qui ont fait onze morts et près de 150 blessés en 1982 et 1983.
Figure mythique de l'activisme armé d'extrême gauche, il s'est fait connaître dans le monde entier avec l'enlèvement en décembre 1975 à Vienne de onze ministres de l'Opep en compagnie d'un commando.
(Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)